Loi Travail : les routiers aux avant-postes de la semaine d'action
Lancé par les fédérations des transports CGT et FO, le mouvement des routiers touchait notamment l'ouest: ainsi, dès 6h, environ 3.000 personnes, selon les syndicats, paralysaient Le Havre et ses zones portuaire et industrielle.
Dans la région de Nantes, le port de Saint-Nazaire était bloqué par les agents portuaires et dockers, tout comme la raffinerie de Donges avec d'énormes feux de pneus, a constaté un photographe de l'AFP.
Opération escargot à Rennes générant 15 kilomètres de bouchons, barrage filtrant à Caen, manifestation sur l'autoroute A11 au Mans... Les perturbations étaient nombreuses notamment dans le grand ouest.
Sept syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl) sont à l'initiative des deux nouvelles journées d'actions unitaires de mardi et jeudi, les sixième et septième en un peu plus de deux mois, pour contester le texte de la ministre du Travail Myriam El Khomri, jugé trop favorable aux entreprises. "Quand on n'est pas entendu, il faut essayer de se faire entendre", a résumé lundi Philippe Martinez, le numéro un de la CGT.
Adopté sans vote en première lecture la semaine dernière après un recours au 49-3, le projet de loi instaure la primauté des accords d'entreprise sur les accords de branche en matière de temps de travail, un casus belli pour les syndicats.
Chez les routiers, on redoute aussi des baisses drastiques de salaires, le texte prévoyant qu'un accord d'entreprise puisse ramener la majoration des heures supplémentaires à 10% au lieu des 25% généralement pratiqués. Pour un chauffeur "qui fait 200 heures par mois, c'est 1.300 euros en moins sur la fiche de paie" annuelle, calcule Jérôme Vérité, numéro un de la fédération des transports CGT.
A un mois de l'Euro-2016 de football en France, des grèves reconductibles ont également été annoncées à partir de mercredi à la SNCF, où des revendications internes s'ajoutent au rejet de la loi travail, ainsi que chez les dockers, marins, facteurs, et à Aéroports de Paris. Des perturbations sont également attendues dans les airs jeudi, jour de mobilisation des aiguilleurs du ciel.
La grogne s'exprimera aussi dans la rue, avec des manifestations dans plusieurs villes de France. A Paris, le cortège partira à 14h de la place de l'Ecole militaire (7e arrondissement) en direction de la place Denfert-Rochereau (14e).
Il s'agit pour les syndicats de relancer le mouvement, moins suivi la semaine dernière, avec 55.000 manifestants recensés par les autorités, contre 390.000 (1,2 million, selon les syndicats) le 31 mars. Et de profiter de la lenteur du processus parlementaire, le projet de loi travail devant être débattu en juin au Sénat avant un retour à l'Assemblée, pour une adoption définitive d'ici à fin juillet.
Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, qui a toujours réclamé le retrait du texte, a déclaré lundi que "si le gouvernement acceptait effectivement sur trois ou quatre points clé (...) d'ouvrir les yeux, cela arrangerait les choses", soulignant qu'il était encore possible de "modifier le texte".
"Je ne céderai pas" sur le projet de loi travail, lui a indirectement répondu mardi François Hollande sur Europe 1. Cette loi, "elle va passer, parce qu'elle a été discutée, a été concertée, a été corrigée, a été amendée", a-t-il affirmé.
Preuve d'un climat tendu, plusieurs opposants, ainsi qu'un journaliste photographe, ont reçu des interdictions individuelles de manifester mardi à Paris par la préfecture de police. Un procédé dénoncé par les militants "antifascistes" et le syndicat national des journalistes (SNJ), et censé éviter les affrontements qui ont fait des blessés chez les manifestants comme chez les forces de l'ordre ces dernières semaines.
Les casseurs qui agissent dans les manifestations contre la loi travail, "ça suffit et ça ne pourra pas rester sans réponse", a prévenu le chef de l’État mardi, soulignant que "manifester c'est un droit, casser c'est un délit". Il a rappelé qu'il y avait eu depuis le début du mouvement "plus d'un millier d'interpellations, 60 condamnations", et "350 policiers blessés".
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