Loi Travail : malgré l'opposition de façade, gouvernement et CGT seraient proches d'un accord
Le gouvernement et la CGT ont tous les deux intérêt à sortir en douceur du conflit. Il est donc probable que les discussions soit déjà bien engagées, plus en tout cas que l'apparent statu quo de la rencontre de ce vendredi 17 juin a laissé entendre. C'est l'avis d'Hubert Landier, consultant en relations sociales et vice-président de l'Institut international de l'audit social, joint par FranceSoir.
> La rencontre d’aujourd’hui entre Myriam E Khomri et Philippe Martinez a débouché sur des "désaccords" qui "se sont confirmés". Mais le dirigeant syndical adopte cependant une attitude moins véhémente, parlant de "réécrire des articles". Que faut-il comprendre ?
"Nous sommes dans une situation où, pour toutes les parties, le coût du conflit devient supérieur au gain qu’ils pourront en tirer. On va donc s’acheminer doucement vers la fin de la crise. Il faut savoir qu’il y a déjà des échanges entre Philippe Martinez et le gouvernement, sans doute depuis une semaine, pour trouver la voie de sortie.
"La rencontre d’aujourd’hui correspond en fait à une demande de Philippe Martinez qui souhaitait être pris au sérieux en étant reçu au ministère. Le signal est donc envoyé: le dialogue a repris. Mais comprenez bien que Philippe Martinez joue aussi son autorité au sein de la CGT, il est loin de n’avoir que des amis dans le syndicat! Il ne peut donc pas se permettre de tout arrêter en n’obtenant rien. Il adopte donc une posture encore très fermée à la sortie de son entretien avec Myriam El Khomri. Mais un signe ne trompe effectivement pas, il ne parle plus de +refuser+ la loi, mais de la +modifier+. Le gouvernement et Philippe Martinez sont donc clairement dans la logique de trouver la solution qui sauverait la face à tout le monde".
> Mais quel pourrait être la forme d’un tel accord après des semaines d’opposition frontale ?
"Ce sera forcément un compromis. Du côté du gouvernement il faut comprendre qu’il est totalement exclu de revenir sur l’article 2, celui sur le changement dans la hiérarchie des normes. C’est impossible. Ce qu’il reste de la crédibilité de François Hollande en dépend. On va donc sans doute modifier cet article 2, mais on ne le retirera pas. En contrepartie, la CGT obtiendra sans doute des avancées sur les conditions de licenciement, avec l’abandon probable des mesures qui devaient le faciliter. Je pense que le consensus va s’organiser sur cet équilibre".
> Comment va réagir la CFDT si le gouvernement revient sur un projet de loi où le syndicat s’était particulièrement investi ?
"Laurent Berger et la CFDT sont effectivement dans une position délicate. Le syndicat a déjà subi une défaite difficile avec l’échec de la négociation sur l’assurance chômage, avec la position intransigeante et décriée du Medef. Que la loi Travail soit vidée dans le cadre d’un accord avec la CGT serait donc une nouvele désillusion, et remettrait en cause la stratégie conciliante de la CFDT qui vise à la faire devenir le premier syndicat de France.
"C’est donc le gouvernement qui doit trouver un point équilibre qui permette à a fois de ne pas apparaître comme un renoncement face à la pression sociale, tout en plaisant à la CGT et en ménageant la CFDT. Mais soyons clair, préserver la CFDT dans le cadre d’un accord n’est par contre absolument pas la préoccupation de la CGT".
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