Loi Travail : Manuel Valls continue ses concertations à la veille d'une journée de mobilisation
Le Premier ministre a reçu ce mardi 8 à 18h Carole Couvert (CFE-CGC) avant le principal rendez-vous de la journée avec Pierre Gattaz, le patron du Medef, en présence des ministres Myriam El Khomri (Travail) et Emmanuel Macron (Économie). Il se rendra ensuite, à 20h30, à un séminaire spécial des députés socialistes, dont beaucoup ont menacé de ne pas voter le projet de loi en l'état et réclament "des améliorations".
Le gouvernement aura mercredi une première indication de la mobilisation: au moins 140 manifestations et mouvements grèves sont prévus dans toute la France contre le projet de loi à l'appel d'organisations de jeunesse, mais aussi de syndicats dont FO et la CGT.
"On rentre dans un bras de fer. Cela (la position du gouvernement) va dépendre de la mobilisation pas seulement de (mercredi), mais aussi les semaines à venir. Bien malin celui qui va écrire le scénario sur les semaines à venir", a estimé le dirigeant de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly auprès de l'AFP.
"Je vois les difficultés. Mais ce que je crois, c'est qu'il faut avancer, expliquer, réformer", a dit Manuel Valls devant le groupe PS au Sénat, selon un participant. "Je ne veux pas renoncer à l'ambition de la réforme", a-t-il assuré.
Le projet "n'est absolument pas mort-né", a de son côté affirmé Myriam El Khomri. La veille, elle a eu droit à une longue et houleuse discussion au Bureau national, instance dirigeante du PS, où Martine Aubry a déclaré qu'il y avait "beaucoup, beaucoup de choses à modifier" dans ce projet "extrêmement dangereux".
Avec cette réforme du droit du travail, le gouvernement espère répondre au chômage de masse en rendant le marché plus "flexible", mais syndicats et politiques dénoncent un texte trop favorable aux entreprises et pas assez protecteur pour les salariés.
Les syndicats demandent le retrait de l'introduction d'un plafonnement des indemnités prud'homales versées en cas de licenciement abusif, qui atteindrait au maximum 15 mois de salaire pour un salarié ayant au moins 20 ans d'ancienneté. Selon Philippe Louis, président de la CFTC reçu lundi à Matignon, M. Valls semble fermé à cette option. Or le numéro un de la CFDT Laurent Berger en a fait la "condition sine qua non" de son soutien.
Les syndicats s'inquiètent également de la précision des critères du licenciement économique, qui pourraient entraîner selon eux une augmentation des licenciements abusifs et favoriser le dumping social en Europe. Mme El Khomri a assuré mardi devant une association d'aide aux chômeuses qu'il ne s'agissait pas de "faciliter le licenciement".
Deux stratégies s'affrontent: les syndicats réformistes (CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa) réclament des améliorations au texte, notamment un meilleur encadrement de l'apprentissage, du forfait-jour, des astreintes, ou la primauté du rôle de la branche dans les accords sur le temps du travail. Les syndicats contestataires (CGT et FO) exigent, eux, le retrait du texte.
Du côté du patronat, l'inquiétude est tout autre: favorable à certains articles décriés par les syndicats, il craint que le gouvernement ne dénature son texte. Et il s'inquiète de la création du compte personnel d'activité qui, lui, est salué par les syndicats.
Le texte devait initialement être présenté en conseil des ministres mercredi, mais face à la fronde des syndicats et d'une partie de la gauche, un report a été décidé au 24 mars.
Lundi, Manuel Valls est resté discret sur ses intentions se contentant d'écouter les doléances de Philippe Martinez (CGT), Laurent Berger (CFDT), Jean-Claude Mailly (FO), Philippe Louis (CFTC) et François Asselin (CGPME). Tout juste a-t-il redit à ses interlocuteurs que "des choses pouvaient bouger". Les réponses précises aux revendications des syndicats et du patronat sont attendues le 14 mars.
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