Loi Travail : mobilisation importante à Paris, de nombreux incidents et dégâts
De nombreux incidents ont éclaté mardi à Paris lors de la manifestation nationale contre la loi Travail, provoquant au moins 25 blessés, 15 interpellations et de nombreuses dégradations de commerces et agences bancaires, ont constaté les journalistes de l'AFP. Plusieurs dizaines de milliers d'opposants à la loi travail, actuellement en débat au Sénat, ont manifesté depuis la place d'Italie en direction des Invalides. Ils étaient un million selon les syndicats FO, CGT et Solidaires. Deux heures après le début du cortège, des manifestants n'avaient toujours pas quitté la place d'Italie, selon Solidaires. Cette journée de "mobilisation nationale", en plein Euro, n'a pas empêché de nombreux rassemblements aussi en régions, et les syndicats contestataires ont refusé d'y voir "un baroud d'honneur".
Peu après le départ de la manifestation, "plusieurs centaines de personnes encagoulées" ont pris à partie les forces de l'ordre avec des jets de projectiles. Au total, quinze personnes ont été interpellées, six manifestants et vingt membres des forces de l'ordre blessés, a annoncé la préfecture de police (PP). Autour de Montparnasse, les dégâts étaient impressionnants: commerces, vitrines, restaurants étaient la cible de projectiles. "Ils font ça pour casser le mouvement", relevait un manifestant. "A qui profite la casse ?" demandait un autre, plusieurs participants au cortège incriminant la police qui "laisse faire". "Le canon à eau a été utilisé" près de la station Duroc, a précisé la PP pour "permettre aux forces de l'ordre qui étaient prises à partie depuis plusieurs minutes de se dégager".
Avant le départ du cortège, le numéro un de la CGT Philippe Martinez avait affirmé que la détermination des opposants était "intacte". Dans le cortège parisien, beaucoup de manifestants faisaient part également de leur volonté de ne "pas lâcher".
Malgré l'afflux de plus de 600 cars vers Partis, selon la CGT, des manifestations ont rassemblé des milliers de personnes partout en France. "Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, cette société-là on n'en veut pas", scandaient les manifestants à Lyon, où la préfecture dénombrait 3.800 participants, la CGT 10.000. Ils étaient 1.900 à Rennes selon la préfecture, 5.000 selon les syndicats, entre 6.000 et 30.000 à Toulouse, 5.000 à Marseille selon la police, tandis que les manifestants annonçaient pas moins de 140.000 participants.
Cette mobilisation à l'appel de l'intersyndicale (CGT, FSU, FO, Solidaires, Unef, UNL, Fidl) pour le retrait d'un texte jugé trop favorable aux entreprises et facteur de "régression sociale" pour les salariés, arrive en point d'orgue d'une série de grèves dans des secteurs clés comme les raffineries ou à la SNCF, qui s'étiolent depuis quelques jours. Mardi, des initiatives étaient organisées un peu partout, avec des barrages filtrants, la poursuite du blocage d'incinérateurs de déchets, une baisse de production dans le secteur de l'énergie.
Le port industriel de Marseille, et notamment les terminaux pétroliers sont "en grève et bloqués depuis 4 semaines", explique l'un des responsables de la CGT Dockers dans la manifestation marseillaise. "Le mouvement n'est pas en train de s’essouffler du tout. On ne fait pas ça en dépit du bon sens, on fait ça par conviction", dit-il.
Dans la capitale, la Tour Eiffel a été fermée en raison de la grève d'une partie du personnel.
Ni retrait, "ni détricotage", martèle de son côté le gouvernement qui a eu recours à l'article 49-3 pour faire adopter le texte sans vote à l'Assemblée nationale. "Je ne crains rien, j'écoute bien sûr, le dialogue avec les partenaires sociaux est permanent", a assuré lundi le Premier ministre, Manuel Valls, tout en assurant que l'article 2, le plus contesté, qui fait primer l'accord d'entreprise sur la branche, "ne sera pas changé". Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a de nouveau défendu un projet "équilibré".
En plein Euro de football, l'exécutif table désormais sur le coup de barre à droite que le Sénat devrait apporter au texte pour rassembler son camp et faire reculer la contestation.
Dans ce bras de fer, les lignes semblent pourtant bouger: le numéro un de la CGT et la ministre du Travail se reverront vendredi pour la première fois depuis début mars, pour "clarifier les choses et mettre sur la table les propositions de la CGT", explique-t-on au ministère.
Sans lien avec la loi travail, les pilotes d'Air France ont prévu une dernière journée de grève mardi.
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