Loi Travail : plusieurs milliers de personnes dans la rue pour réclamer son abrogation
"Montrer qu'on est toujours là et qu'on n'est pas d'accord": plusieurs milliers de personnes ont commencé à défiler ce jeudi 15 en régions pour réclamer l'abrogation de la loi Travail, qui aura déclenché des mois d'affrontements politiques et de conflit social sans faire plier l'exécutif. Belfort, Tours, Marseille, Nantes, Rennes, puis Paris à partir de 14h: meetings et manifestations sont prévus dans plus de 110 villes. Des employés d'Alstom manifestent le 15 septembre 2016, à Belfort. A Belfort, des centaines de personnes défilaient en fin de matinée pour garder l'activité d'Alstom dans la ville et "marquer le coup", en cette journée nationale de mobilisation contre la loi travail, la 13e depuis mars.
En marchant à Nantes, Rebecca, 32 ans, déjà quelques manifs derrière elle, a voulu pour cette dernière grande manifestation syndicale "montrer qu'on est toujours là et qu'on n'est pas d'accord". A Marseille, quelques milliers de personnes battaient le pavé. "On va leur montrer que loi ou pas, ils nous trouveront toujours face à eux", a expliqué François Roche, délégué du personnel CGT chez Airbus Helicopters. Ils étaient entre 1.500 et 2.000 (selon les syndicats) à Tours, avec une banderole de tête proclamant: "Non à la loi Travail/oui au progrès social", 3.000 à Rennes...
Des appels à la grève ont été lancés dans la fonction publique, à La Poste, chez Air France, France télévisions ou les intermittents du spectacle. A la SNCF et à la RATP, le trafic était normal. Dans le ciel, en revanche, plus de 20% des vols étaient annulés en début de matinée à l'aéroport d'Orly et un retard moyen de 20 minutes était enregistré, selon des sources aéroportuaires. "Face à une telle loi, on ne peut pas attendre la présidentielle (...) il faut que les salariés se mobilisent dans la rue", a dit sur Franceinfo Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT. Pour Jean-Claude Mailly, son homologue à FO interrogé sur France 2, la loi travail est "un ratage complet sur la méthode et le fond" qui va "laisser des traces" dans la majorité et suscite "beaucoup d'amertume" parmi les salariés qui ont battu le pavé pendant plusieurs mois.
Ce dernier s'attend à voir "moins de monde" dans la rue. Lors de la précédente journée, le 5 juillet, à peine 30.000 personnes avaient manifesté dans toute la France, selon la police, qui en a recensé entre 6.500 et 7.500 à Paris (45.000 dans la capitale, selon les syndicats). Après avoir réclamé, en vain, pendant des mois, le retrait de ce texte qu'ils considèrent comme source de "dumping social", les deux leaders marcheront à nouveau de conserve à Paris, entre Bastille et République, pour demander son abrogation. Ils auront à leurs côtés les responsables de FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl. Avec près de 1.200 policiers mobilisés, selon une source policière, les forces de l'ordre seront au rendez-vous, les précédentes journées ayant été émaillées de violences.
Treize journées de mobilisation depuis mars, une pétition record, des sondages montrant la désapprobation des Français, recours à l'article 49-3 pour faire passer le texte sans vote au Parlement... : cette réforme, une des dernières du quinquennat, a connu un parcours particulièrement agité. Fort du soutien de la CFDT, l'exécutif est resté inflexible, défendant un texte de "progrès social" et le présentant comme une solution pour lutter contre le chômage. Après le baroud d'honneur dans la rue de ce jeudi, les syndicats opposés au texte n'ont pas prévu de nouvelle date de mobilisation. Mais ils espèrent maintenir la pression, en entreprise et devant la justice.
Ils travaillent sur des recours possibles, notamment à travers des questions prioritaires de constitutionnalité, et se préparent à bloquer, dans les entreprises, tout accord permettant d'appliquer la loi: "il ne faut pas que la loi rentre dans les entreprises", a martelé ce jeudi M. Martinez. A quelques mois de la présidentielle, le gouvernement veut aller vite sur ce dossier épineux. La plupart des décrets, dont les plus décriés (temps de travail, référendum en entreprise, accords offensifs), doivent être publiés en octobre. La ministre du Travail, Myriam El Khomri, a reconnu récemment "des erreurs au lancement de cette loi", mais s'est également dite "fière des droits nouveaux qu'elle instaure, en particulier un droit universel à la formation pour tous nos concitoyens".
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