LREM et FN structurent désormais la droite française, au détriment de LR
La droite française est, elle aussi, en pleine reconstruction. Le parti Les Républicains, qui dominait depuis plus de 15 ans sous différentes appellations (autrefois RPR puis UMP), n'est désormais plus que l'ombre de lui-même. C'est un autre des enseignements du sondage Ifop publié ce mardi 18 par Paris Match, CNews et Sud Radio (à lire en intégralité ici) testant les sondés sur leur vote "si le premier tour de l'élection présidentielle devait se dérouler dimanche prochain" et comparant les résultats avec ceux effectivement obtenus par chacun des partis en avril 2017.
Emmanuel Macron sort très renforcé de cette facette de l'étude (qui lui attribue par ailleurs 42% d'opinions positives sur son action). Concrètement, si une élection présidentielle était organisée dimanche avec les mêmes candidats que l'an passé le président arriverait en tête avec 33% des suffrages au premier tour. Soit une progression de 9 points par rapport au 23 avril dernier où il n'en avait totalisé "que" 24%, ce qui le plaçait déjà en première position.
Derrière, Marine Le Pen serait toujours qualifiée au second tour avec 23% des bulletins (contre 21,3% en 2017, soit + 1,7 point), mais ce serait Jean-Luc Mélenchon qui serait cette fois troisième -toujours non qualifié- avec 16,5% des suffrages (19,6% en 2017, soit -3,1 points). Suivraient ensuite François Fillon avec une dégringolade de 8 points (20% en 2017, 12% aujourd'hui), tandis que Benoît Hamon perdrait encore du terrain (6%, -0,4 point) pour faire jeu égal avec un Nicolas Dupont-Aignan en hausse (+1,3%). Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Jean Lassalle, François Asselineau et Jacques Cheminade resteraient entre 0% et 1%.
Lire aussi sur ce sondage: Emmanuel Macron moins mauvais que les autres
Il ressort de cette étude une chute notable du bloc des droites, allant du FN à LR, en passant par Debout la France. Alors que celui-ci rassemblait 46% des voix en 2017, cet attelage perdrait 5 points si les Français devaient voter demain. Une chute exclusivement due à la perte de vitesse de LR, qui chute de 8 points, tandis que le FN et DLF sont en progression de 3 points (respectivement +1,7 et +1,3 point).
Et si le candidat de ce qui fut le grand parti de la droite devait être Laurent Wauquiez plutôt que François Fillon, l'effondrement serait pire encore: LR ne recueillerait que 8% des voix, totalisant 12 points de moins qu'en avril 2017. Ce qui placerait le bloc des droites largement minoritaire avec 37% des suffrages.
Faut-il en conclure que la droite est devenue largement minoritaire? Non, car tout d'abord la gauche fait pire. Représentée par Benoît Hamon (6%) et Jean-Luc Mélenchon (16,5%), ellene recueillerait que 22,5% si une élection présidentielle devait se tenir dimanche, contre 26% l'an passé.
Ce qu'il faut plutôt en retenir, c'est que la droite est à son tour victime de l'action du président. Mais qu'elle reste dynamique puisqu'une majorité de Français placent désormais LREM de ce côté ci de l'échiquier politique... La droite se recompose donc plus qu'elle ne se délite.
Pour siphonner LR, Emmanuel Macron est bien aidé par un Laurent Wauquiez qui a décidé de placer ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy. Ou du moins dans ceux de la jambe droite de l'ancien président, qui aimait à dire qu'il avait "Guaino pour sa gauche et Buisson pour sa droite" pour illustrer cette capacité à rassembler qui fait défaut à son successeur.
Ainsi, un effet de vases communicants semble bien amener les voix de la droite modérée vers En Marche. Logique, somme toute, que les orphelins d'Alain Juppé par exemple ou les soutiens des ex-LR devenus "Macron compatibles" d'Agir ne se reconnaissent pas dans la politique incarnée par Laurent Wauquiez. Plus marginalement, il semble également que certains électeurs de François Fillon aient aussi rejoint les rangs de l'extrême droite.
Faut-il y voir un effet passager, alors que Laurent Wauquiez n'est finalement à la tête de son parti que depuis quatre mois? Peut-être. Ou peut-être pas, comme le laisse entrevoir la récente tribune pour "l'union des droites" cosignée par l'ex-député LR Thierry Mariani et des élus frontistes ou proches du FN comme Robert Ménard, mais aussi Christine Boutin ou Jean-Frédéric Poisson. Un texte par ailleurs vivement critiqué par LR, qui a menacé Mariani d'exclusion. Mais sans passer à l'acte.
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