Lutte contre les perturbateurs endocriniens : le consommateur oublié
Ils sont là dans les campagnes, dans les villes… et même dans nos assiettes: les perturbateurs endocriniens, ces substances chimiques la plupart du temps inodores et invisibles, qui pourtant perturbent nos hormones.
Le gouvernement a publié ce lundi 14 son nouveau plan de lutte contre ces substances omniprésentes dans notre quotidien et potentiellement dangereuses.
Ce plan, qui est soumis à consultation publique jusqu'au 8 février, prévoit notamment l'établissement d'ici 2021 d'une liste de perturbateurs endocriniens divisés en trois catégories: selon qu'ils sont "suspectés" d'être dangereux, "présumés" ou carrément "avérés".
D'ici 2020 va également être mis en place une campagne de communication grand public, et un site Internet dédié, pour informer la population et sur les personnels de santé au sens large: c'est-à-dire ceux qui sont susceptibles de manipuler des perturbateurs endocriniens et d'y être exposés, et donc pas uniquement les médecins.
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Pour les associations, ces avancées sont positives mais pas suffisantes. Pour Fleure Gorre, chargée de mission campagne "Chimiques" chez Générations Futures, si des progrès sont à souligner des points noirs le sont tout autant.
Le grand oublié de cette nouvelle stratégie est le consommateur, qui est confronté dans son assiette quotidiennement aux perturbateurs endocriniens et ne dispose d'aucune information sur la façon dont il est exposé à ces substances dangereuses.
"Il n'y a aucune mesure concrète pour protéger le consommateur alors que l'alimentation est l'un des principaux points d'exposition. L'étiquetage est primordial. Il faudrait aussi conseiller aux personnes sensibles, comme les femmes sensibles, de ne consommer que du bio", a expliqué Fleure Gorre à France-Soir.
L'association Générations Futures déplore d'autres points noirs, dont l'absence de mesures coercitives pour les acteurs industriels qui sont conseillés et incités sur la substitution des perturbateurs endocriniens dans leurs produits, mais jamais contraints. "C'est un problème sur une question aussi grave que la santé", souligne Fleure Gorre.
Aussi, la question de la substitution est un vrai point faible dans cette nouvelle version du projet gouvernemental, car l'approche "système" est complètement mise de côté et rien n'est ainsi fait pour protéger et informer les populations sensibles (qui habitent par exemple près d'un site Seveso) et les professionnels très exposés (comme les agriculteurs). Des points que Fleure Gorre et Générations Futures comptent bien relever d'ici le 8 février, en espérant que le gouvernement les prendra en compte.
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