Manifestants blessés, journaliste matraqués, une intervention policière lors d'une manifestation à Rennes déclenche la polémique
Une charge policière musclée, usage de véhicules contre des opposants à la loi travail, des manifestants et des journalistes matraqués... Jeudi l'intervention des forces de l'ordre à Rennes a déclenché une vive polémique, l'association locale des journalistes décidant de saisir le Défenseur des droits.
Côté manifestants, cinq d'entre eux ont été pris en chLoarge aux urgences pour des coups de matraque, et un sixième va rester en observation pour la nuit, selon les informations obtenues auprès des étudiants opposés à la loi travail.
Bousculé lors de la charge de la police, il a expliqué à l'AFP s'être blessé à l’œil en tombant dans un fossé.
De leur côté, plusieurs journalistes qui couvraient la manifestation ont aussi reçu des coups de matraque de la part des policiers, a constaté l'AFP.
Vincent Feuray, photographe indépendant, a ainsi été frappé "sur la tête", a-t-il témoigné auprès de l'AFP. "Heureusement que j'avais un casque sinon je serais à l'hôpital. Sur mon casque est bien écrit +Presse+, donc c'était tout à fait délibéré".
Un journaliste de France 3 Bretagne, Bruno Van Wassenhove, a lui aussi "essuyé un coup de matraque", a-t-il raconté sur le site de la chaîne, alors qu'une autre journaliste a été attrapée "vigoureusement et éjectée".
Le Club de la presse de Rennes et de Bretagne a condamné dans un communiqué "fermement ces atteintes à la liberté d'exercer son métier" et a décidé de saisir le Défenseur des droits.
Les policiers sont intervenus alors que la manifestation "officielle" contre la loi travail s'était terminée sans incident notable devant la préfecture en début d'après-midi. Mais plusieurs centaines de manifestants ont continué à défiler en se dirigeant vers la rocade de Rennes dans l'intention de la bloquer.
C'est juste avant qu'ils n'y accèdent que la charge a eu lieu, peu avant 15H00 : environ cinq camionnettes de la police ont forcé le passage au milieu des manifestants, afin de les devancer et de les empêcher d'atteindre la rocade, a constaté l'AFP.
Tout en roulant, des policiers ont ouvert les vitres des véhicules pour vaporiser au passage de grandes quantités de gaz lacrymogène et de bombe au poivre sur les manifestants.
"Il y avait 20 fonctionnaires de police mais 300 manifestants particulièrement déterminés en face d'eux", a déclaré le préfet d'Ille-et-Vilaine et de Bretagne Christophe Mirmand lors d'un point de presse.
Il a rappelé que les policiers avaient pour mission d'interdire l'accès des manifestants à la rocade rennaise.
"Raison pour laquelle, a poursuivi le préfet, ils ont été obligés de déborder les manifestants dans des conditions de rapidité qui ont pu apparaître à certains comme un signal d’agressivité à leur égard. Ça n'était pas le cas". "Il y a eu la volonté de s'interposer, pour ce faire il fallait bien passer, contourner les manifestants", a-t-il ajouté.
"S'il y a eu des violences, je les déplore, je les regrette, naturellement", a assuré le préfet, qui verra "si matière il y a le cas échéant à demander à ce qu'une enquête administrative puisse être mise en œuvre".
Mais il a aussi souligné les "conditions extrêmement difficiles" des interventions des forces de l'ordre, sollicitées à Rennes depuis plusieurs mois sur des manifestations très tendues.
"Aucune violence n'est acceptable", a tweeté la maire PS de Rennes, Nathalie Appéré pour qui "une enquête doit établir les faits pour sanctionner tout manquement".
A la mi-journée, deux cortèges de manifestants contre la loi travail s'étaient rejoints à proximité de la préfecture Beauregard, à l'est de la ville.
Ils ont tiré des pétards, des fumigènes et fait résonner des sirènes devant le cordon de gendarmes protégeant la préfecture, puis les syndicats ont sonné la fin de la manifestation. Mais plusieurs centaines de manifestants ont pris la direction de la rocade en vue de la bloquer.
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