Marine Le Pen entendue par la justice sur le financement du FN
La présidente du Front national Marine Le Pen a été entendue mardi comme témoin assisté dans l'enquête sur des soupçons de fraude dans le financement des campagnes 2012 du parti d'extrême droite, a appris l'AFP de sources proches de l'enquête. Contactée par l'AFP, Marine Le Pen n'a pas donné suite, après cette audition qui a duré toute la matinée, selon les sources proches de l'enquête.
Marine Le Pen avait déjà été convoquée à deux reprises cet automne comme témoin assisté (un statut intermédiaire entre témoin simple et mis en examen), mais elle avait refusé de se présenter devant les magistrats.
L'instruction, dans laquelle le FN est mis en examen, a été ouverte en 2014 et porte sur les législatives et la présidentielle de 2012. Les juges financiers soupçonnent des dirigeants du parti et d'une société proche du mouvement, Riwal, d'avoir mis en place un système frauduleux d'enrichissement avec de l'argent public.
En cause pour les législatives, des kits de campagne (tracts, affiches, cartes postales) à 16.650 euros, fournis par Riwal à 525 candidats frontistes, via des prêts consentis par un microparti satellite du FN, Jeanne. Les enquêteurs soupçonnent derrière ce montage complexe des prestations gonflées et surfacturées sur le dos de l’État, qui rembourse les frais de campagne.
Autre sujet de soupçons, les intérêts d'emprunt facturés par Jeanne aux candidats, à 6,5%, soit environ 1.000 euros par kit, et remboursés partiellement par l’État. Les enquêteurs se demandent si ces prêts étaient réels, Riwal ayant avancé les frais des kits à Jeanne, ou s'ils n'ont eu pour but que d'alourdir la facture.
Au total, plusieurs millions d'euros sont susceptibles d'avoir été détournés, ce que le FN, qui dénonce un complot politique, réfute. Le parti conteste toute surfacturation et défend l'homogénéité des kits par la volonté de cadrer le message des candidats. Le FN répond aussi que le microparti Jeanne était obligé de facturer des intérêts à ses candidats, sauf à se voir reprocher des aides illégales.
Sept personnes sont mises en examen, dont deux vice-présidents du FN, Jean-François Jalkh et le trésorier Wallerand de Saint-Just, ainsi que le patron de Riwal, Frédéric Chatillon. Jeanne et Riwal sont aussi mis en examen en tant que personnes morales. Le FN est mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux et complicité d'escroquerie.
Les juges soupçonnent aussi Riwal d'avoir financé illégalement le FN et Jeanne, par des dons ou des aides, comme la mise à disposition gratuite de locaux ou d'employés, la prise en charge d'une facture de plus de 400.000 euros ou des facilités de paiement.
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