Marine Le Pen lance une nouvelle "fake news" sur le traité d'Aix-la-Chapelle
Marine Le Pen a publié un communiqué ce mardi 5 pour dénoncer l'approche de l'Allemagne sur un litige commercial concernant des exportations d'armes vers l'Arabie saoudite. Elle fait un lien abusif avec le traité d'Aix-la-Chapelle signé entre la France et l'Allemagne le 22 janvier, alors que les deux sujets n'ont pas de lien particulier.
Les représentants du Rassemblement national étaient vent debout contre la signature du traité. Et la tension dans les rangs du parti d'extrême droite n'est pas retombée. Ce mardi, Marine Le Pen a publié un communiqué (voir ici) pour dénoncer une nouvelle fois le traité d'Aix-la-Chapelle signé entre la France et l'Allemagne le 22 janvier dernier, et qui était perçu par ses détracteurs comme l'acceptation par Paris d'une perte de souveraineté au profit de Berlin.
La présidente du RN se base sur un article publié dans le journal La Tribune (voir ici) sur le blocage par l'Allemagne de l'exportation du missile Meteor du fabricant européen MBDA vers l'Arabie saoudite. Berlin empêche en effet la transaction car les missiles comporteraient des composants dont l'Allemagne bloque la licence d'exploitation.
Pour Marine Le Pen, c'est la preuve d'un abandon de souveraineté de la France au profit de l'Allemagne précurseur de ce que sera la coopération militaire à laquelle se sont engagés les deux Etats lors de la signature du traité. L'ex-candidate à la présidentielle (en 2012 et 2017) y voit une illustration future de l'article 4 du traité qui dispose que "les deux États élaboreront une approche commune en matière d’exportations d’armement en ce qui concerne les projets communs".
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Pourtant, l'analyse de Marine Le Pen semble abusive. Primo, le fabricant MBDA n'est pas français mais bel et bien "européen". Si son siège social est dans les Hauts-de-Seine, Airbus -lui même européen et non français-ne possède que 37,5% du capital et les Français ne sont qu'une minorité des salariés de l'entreprise. Secundo, rien ne montre dans la décision de Berlin une volonté spécifique d'impacter la France. Tertio, et l'article de La Tribune le rappelle à juste titre, le traité d'Aix-la-Chapelle n'amène pas de perte de souveraineté et à l'inverse, c'est la dimension relativement tiède et imprécise de "l'approche commune" de l'article qui pose problème, ne permettant pas de régler la rigidité allemande sur la question.
Marine Le Pen se défend une fois encore dans son communiqué des critiques sur les "fake news" qu'elle est accusée d'émettre. Les représentants du parti d'extrême droite n'ont eu de cesse d'affirmer que le traité d'Aix-la-Chapelle allait forcer la France à partager son siège permanent au Conseil de sécurité de l'Onu avec l'Allemagne, voire que les départements limitrophes passeraient sous la tutelle allemande, sans qu'aucun élément ne vienne étayer ces thèses. Comme aucun ne vient non plus illustrer le lien entre ce traité et un cas litigieux comme le dossier MBDA.
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