Michèle Rivasi (EELV) : "Je ne défends pas que mon parti"
Invitée (presque) surprise du deuxième tour de la primaire d'Europe Ecologie – Les Verts, Michèle Rivasi croit à ses chances grâce à une "dynamique incroyable". Elle devra cependant composer avec son manque de notoriété et une campagne qui s'annonce peu axée sur l'écologie. Mais cette élue "de terrain" compte bien "rassembler au-delà d'EELV".
En se qualifiant pour le second tour de la primaire d'Europe Ecologie – Les Verts (EELV) mercredi 19, au détriment de Cécile Duflot, Michèle Rivasi a (presque) créé la surprise. Un résultat "moins surprenant pour moi car je le sentais sur le terrain", a-t-elle déclaré ce samedi 22 devant la presse.
"Le terrain", un mot qui revient souvent dans la bouche de la députée européenne. Une expérience de proximité qu'elle met en avant lorsqu'on évoque son manque de notoriété pour obtenir les fameuses 500 signatures si elle devait remporter la primaire face à Yannick Jadot: "ça fait 30 ans que je parcours les territoires. Les maires regardent qui est capable de représenter l'écologie politique".
Et de citer en contre-exemple la malheureuse Cécile Duflot, ex-ministre éliminée "de façon un peu injuste (car) elle a payé sa participation au gouvernement" et à l'impopularité de celui-ci.
Mais remporter la primaire et obtenir les 500 parrainages n'est pas le seul défi pour la candidate. Car le chômage et le risque terroriste restent les premières préoccupations des Français pour 2017. Des thématiques sur lesquelles EELV n'est pas le parti le plus présent.
"L'écologie peut apporter des solutions au chômage" répond Michèle Rivasi à FranceSoir, évoquant l'exemple de l'Allemagne de 2011: "ça a été 370.000 emplois créés grâce à la rénovation de l'habitat et au développement des énergies renouvelables. (…) Il y a énormément d'emplois liés à une agriculture biologique. On est aussi très (favorable) pour les services publics. Ce n'est pas (comme) la suppression de 300.000 fonctionnaires (proposée par plusieurs candidats Les Républicains, NDLR)".
Quant à la question terroriste, Michèle Rivasi prône un "renforcement de la coordination européenne" et une "sécurité collective. Il faut qu'on implique les gens dans la prévention du conflit". "Il faut aussi réfléchir aux causes du terrorisme. Lorsque les Etats-Unis ont bombardé l'Irak (…) c’était pour les ressources naturelles. Daech vient de là".
EELV pourrait-il pour autant rassembler les Français et obtenir une majorité aux législatives? "Je ne défend pas que mon parti", répond Michèle Rivasi. "Les partis sont dépassés, ne nous représentent plus et ne représentent plus l'innovation. Si je suis élue, tout de suite je fais l'ouverture".
Normalienne agrégée de biologie aux compétences reconnues dans les domaines de la radioactivité et de la santé, Michèle Rivasi fait en effet partie de ces personnalités dont le parcours rompt avec les traditionnels "professionnels de la politique", souvent décriés: "je ne suis pas perçue comme quelqu'un de carriériste", n'hésite-t-elle pas à lancer, proposant de"mettre de la biodiversité dans la politique". Et d'appeler d'ailleurs les militants à désigner lors de cette primaire le (ou la) meilleur(e) candidat(e) "pour rassembler au-delà d'EELV".
Une stratégie d'ouverture qui ne remet cependant pas en cause un certain positionnement dans l'éventail politique. Michèle Rivasi a choisi de ne pas quitter EELV contrairement à plusieurs ténors, certains critiquant une "dérive gauchiste". La candidate en appelle ainsi aux "déçus du Parti socialiste ou du Parti de gauche", tance les propositions LR qui ne vont "que renforcer les inégalités", prône une VIe République et des "collèges citoyens avec des tirages au sort".
Le chemin reste encore très long jusque-là, mais celle qui a failli ne pas pouvoir participer à la primaire faute de parrainages y croit. Depuis le premier tour "une dynamique incroyable s'est installée", avance-t-elle."Il y a une demande d'une écologie de terrain, d'une écologie de combat, d'une écologie qui réponde à la qualité de vie, d'une écologie qui protège".
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