Migrants et "Benchmark" : le député LREM Attal recadre le ministre LREM Collomb (vidéo)
Un recadrage en règle. Au lendemain de la petite phrase polémique de Gérard Collomb sur les migrants qui "benchmarkent" les pays où aller en fonction des aides sociales, le député Gabriel Attal s'est fendu d'une mise au point, ce jeudi 31 sur France inter. S'il s'est défendu de commenter les propos du ministre de l'Intérieur, le jeune primo-député a néanmoins sèchement remis en perspective les "choix" auxquels sont confrontés ceux qui quittent leur pays.
Petit retour en arrière. "Le Sénat aime beaucoup comparer les différentes législations européennes. Il n’y a pas que le Sénat qui fait du benchmarking (ou comparatif, NDLR), les migrants aussi", a ainsi déclaré Gérard Collomb lors d'une audition de présentation de son projet de loi Asile et Immigration devant les sénateurs, mercredi 30. Puis de préciser sa pensée: "Les migrants font un peu de benchmarking pour regarder les différentes législations à travers l’Europe qui sont les plus fragiles. Telle nationalité que je ne citerai pas se dirige plutôt vers tel pays, non pas parce qu’elle est plus francophile, mais tout simplement parce que là c’est plus facile".
Des propos qu'ont défendus dans la foulée les autres membres du gouvernement, notamment le porte-parole Benjamin Griveaux. L'exécutif n'en est par ailleurs pas à sa première sortie de ce type: début mai, c'est la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau qui dénonçait un supposé "shopping de l'asile" auquel s'adonneraient les migrants (source Public Sénat), avant de se rétracter toutefois.
Les propos de Gérard Collomb n'en ont pas moins fait bondir la gauche (Olivier Besancenot a par exemple moqué "Les diarrhées verbales (qui) sortent souvent du Collomb"), et jusque dans les rangs des députés de la majorité.
Ce jeudi matin, Gabriel Attal, député LREM de la 10e circonscription des Hauts-de-Seine, qui a pris la parole pour une mise au point.
.@GabrielAttal #collomb "S’il y a un benchmark qui est fait aujourd’hui par les migrants, c’est mourir chez eux ou survivre ailleurs." pic.twitter.com/ut7zFNG2KW
— France Inter (@franceinter) 31 mai 2018
"S'il y a un benchmark qui est fait aujourd'hui par les migrants il est assez simple: c'est mourir chez eux ou survivre ailleurs", a-t-il recadré, refusant donc de condamner les propos de Gérard Collomb mais laissant transparaître un certain agacement. D'autant que selon celui qui est par ailleurs porte-parole de LREM, le projet de loi Asile et Immigration contient "pourtant" des "vraies mesures" en faveur des réfugiés.
Sur ce sujet- Loi asile-immigration: la CNCDH déplore un texte "dangereux et "inutile"
Au-delà de la passe d'arme générationnelle, cet épisode est révélateur des tensions qui règnent au sein de la majorité sur le projet de loi Asile et Immigration. Lors des débats de la première lecture à l'Assemblée nationale, fin avril, de nombreux députés LREM et MoDem ont donné de la voix pour réclamer un texte plus équilibré et dit leur malaise de voir le projet de loi faire converger autour de lui une partie de la droite et de l'extrême droite. Soumis à une intense pression de la part du gouvernement et de leur chef de groupe, la grosse quinzaine de députés En Marche "frondeurs" critiquant le texte n'avaient toutefois pas franchi le Rubicon et préféré s'abstenir plutôt que de voter "contre". Seuls deux membres de la majorité, Nadia Essayan au MoDem et Jean-Michel Clément à LREM, ont poussé le bouton "non", ce dernier quittant dans la foulée le groupe en anticipation de son éviction.
Lire: l'interview de Nadia Essayan, députée de la majorité qui a voté contre le texte Asile Immigration
Un début de fissure dans la belle unité affichée par les députés LREM qui pourrait se transformer en fissure alors qu'arrivent d'autres débats houleux sur les aides sociales, les retraites ou encore la bioéthique (comprenant la PMA et la fin de vie par exemple notamment).
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