Nord-Pas-de-Calais-Picardie : Xavier Bertrand a nettement battu Marine Le Pen
Très nettement distancé au premier tour, Xavier Bertrand (Les Républicains) a infligé au second une très nette défaite à Marine Le Pen, grâce à un sursaut de mobilisation et au rassemblement anti-FN derrière lui, notamment des électeurs de gauche.
Le député-maire de Saint-Quentin (Aisne) et ancien ministre l'emporterait avec 57,7% à 58% selon les estimations Ipsos et TNS Sofres en fin de soirée, contre 42% environ à la présidente du Front national, qui essuie un échec sévère et progresse d'à peine 1,5 point par rapport au premier tour.
Ce n'est "pas ma victoire, mais la victoire des gens du Nord", a lancé M. Bertrand, pour qui "l'Histoire retiendra que c'est ici (en Nord-Pas-de-Calais-Picardie) que nous avons stoppé la progression du Front national". "Nul ne peut se prévaloir de cette victoire", a ajouté ce natif de La Marne, critiquant, au vu du premier tour, "l'ensemble de la classe politique, dont je fais partie". Selon lui, ce scrutin "changera à jamais" sa "façon de faire de la politique".
Dimanche dernier, après une énorme poussée du FN, Marine Le Pen caracolait en tête avec 40,64% des voix, contre 24,97% à Xavier Bertrand.
Paradoxalement, l'ancien secrétaire général de l'UMP prend une région à la gauche ...grâce aux voix de la gauche. Celle-ci avait toujours dirigé Nord-Pas-de-Calais depuis la première élection au suffrage universel direct en 1986. "Je remercie les électeurs de gauche qui ont clairement voté pour faire rempart", a déclaré le vainqueur depuis son QG à Saint-Quentin. De son côté, le candidat PS Pierre de Saintignon, qui s'était retiré au soir du premier tour, a "félicité" M. Bertrand.
Au contraire, pour le maire FN d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) Steeve Briois, "c'est la malhonnêteté et le mensonge qui l'ont emporté" dimanche soir.
Xavier Bertrand, qui s'était présenté entre les deux tours comme "le candidat contre l'extrême droite" ("Non au Front national", proclamait sa profession de foi), a profité d'une forte hausse de la participation. Selon les estimations des instituts de sondages Ipsos et TNS-Sofres, l'abstention n'a atteint que 38,5% en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Ce serait trois points de moins que la moyenne nationale (41,5%) et près de sept points de moins qu'au premier tour (45,19%).
A la tête d'une liste Les Républicains-UDI-MoDem-CPNT - la même au second tour qu'au premier-, l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy avait bénéficié entre les deux tours de l'appel à voter pour lui de Pierre de Saintignon (18,12% dimanche dernier). La maire de Lille Martine Aubry et la tête de liste EELV-PG Sandrine Rousseau (4,83%) en avaient fait de même. Le communiste Fabien Roussel (5,32%) avait, lui, appelé à "faire barrage à l'extrême droite".
Au total, la gauche (hors extrême gauche) avait recueilli un peu plus de 632.000 voix, soit 28,27%.
Xavier Bertrand est parvenu à installer entre les deux tours une dynamique derrière sa candidature. Plus rassembleur, il s'était affiché avec Jean-Louis Borloo, s'était présenté comme "un gaulliste social", avait salué le retrait "digne et responsable" de Pierre de Saintignon.
Au-delà du résultat, Martine Aubry a appelé chacun à "(se)poser des questions de fond sur le vote des extrêmes et sur l’abstention". Il faut aussi, a-t-elle dit, "(se) demander comment redonner confiance en la politique et dans la gauche".
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