Notre-Dame-des-Landes : "Hollande n'arrive pas à décider", dénonce Retailleau

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Propos recueillis par Pierre Plottu
Publié le 17 février 2016 - 13:56
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Bruno Retailleau.
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©Georges Gobet/AFP
"Le problème de tergiversations, le problème des allées et venues, le problème des volte-face ne concerne pas la droite ou le centre mais la gauche" sur la déchéance de nationalité, selon Bruno Retailleau.
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Que ce soit sur la déchéance ou le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le problème s'appelle François Hollande, dit en substance Bruno Retailleau à "FranceSoir". La première a ainsi coûté au président une ministre "iconique" et semé la "zizanie" dans son camp, tandis que le second est inextricable, à en croire le patron des sénateurs LR et président de la région Pays-de-la-Loire.

"La zizanie, elle est à gauche". Bruno Retailleau ne mâche pas ses mots à l'encontre du capharnaüm entourant la déchéance de nationalité prévue dans la réforme constitutionnelle portée par François Hollande. Dénonçant le "problème des volte-face" de la majorité, le patron des sénateurs LR prévient que la chambre haute réécrira le texte pour réintroduire la binationalité, soit "l'engagement du président de la République".

Le président de la région Pays-de-la-Loire est également très remonté contre l'annonce d'un référendum sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qu'il juge sans base légale et surtout inutile. "Vous croyez que les zadistes vont partir parce qu'il y aura eu une consultation?".

La réforme constitutionnelle, et notamment la question de l'inscription dans la loi fondamentale de la déchéance de nationalité, a été votée par l'Assemblée nationale et va désormais être examinée par le Sénat. Qu'attendez-vous de ces débats et quelle est la position de votre groupe?

"Nous n'avons pas varié, nous, depuis le mois de décembre. Après cette annonce surprise de François Hollande, le 16 novembre devant le Parlement réuni en Congrès, le gouvernement a déposé le 23 décembre une première mouture: je considère que l'engagement du président de la République,c'est ce premier texte. Nous avions immédiatement indiqué avec Gérard Larcher (président du Sénat LR, NDLR) que nous soutenions cette version et fait dans le même temps de l'apatridie une ligne rouge.

"Depuis, il y a eu la zizanie à gauche avec notamment le départ d'une ministre iconique, Mme Taubira, et trois nouvelles moutures. A l'arrivée, un texte flou sur lequel les députés se sont prononcés, qui n’est qu’une motion de synthèse du parti socialiste.

"Pour la déchéance, nous veillerons à réécrire le texte pour qu'il ne soit pas possible d'ouvrir le champ de l'apatridie. Sur l'état d'urgence nous veillerons à assurer la garantie des libertés individuelles. ".

Sur ce point également, François Hollande a déclaré jeudi 11 qu'il ne "souhaite (pas) que la navette" entre l'Assemblée nationale et le Sénat sur la réforme constitutionnelle "dure trop longtemps"...

"Qu'il convainque ses propres amis (rires)! Ce n'est pas nous qui avons perturbé le dispositif. La zizanie, elle est à gauche.  Les députés Les Républicains, sauf trois ou quatre, étaient tous pour la déchéance. La seule ligne de nuance entre Nicolas Sarkozy et François Fillon était de savoir s'il fallait la constitutionnaliser ou pas. Le problème de tergiversations, le problème des allées et venues, le problème des volte-face ne concerne pas la droite ou le centre mais la gauche".

Pourquoi faire de l'apatridie une ligne rouge?

"L'apatridie c'est un retour en arrière. Elle fait référence au passé révolu.  Les apatrides, dans l’histoire récente, ont été créés en Russie après la révolution d’Octobre et en France pendant l’Occupation. Ensuite, elle n'a aucune effectivité sur le plan pratique: un apatride qui est sur le territoire français ne pourrait qu’y rester".

Le risque n'est-il pas de stigmatiser une partie de la population, celle d'origine arabe ou encore celle de confession musulmane en ne visant que les binationaux?

"Tout cela n'a pas de sens: on parle de terrorisme. Ceux qui seraient déchus ne le seraient pas car ils seraient binationaux, mais pour avoir tourné leurs armes contre des Français et des Françaises.

"Le Conseil constitutionnel dit qu'il ne faut pas faire de différence entre binationaux. Or, aujourd'hui il y a une différence entre les binationaux par acquisition et ceux nés français, qui n'encourent pas les mêmes risques. Seuls les binationaux par acquisition peuvent perdre la nationalité française. Il y a donc déjà une inégalité".

A propos du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, situé dans la région que vous présidez, vous avez dit refuser d'organiser le référendum annoncé jeudi 11 par François Hollande car il est sans "base légale". Doit-on comprendre que vous refusez de consulter les citoyens, qui sont les premiers concernés?

"Ce n'est pas un problème de démocratie qui a conduit le président à proposer ce référendum, c'est le prix qu'il a fallu payer pour l'entrée de Mme Cosse (ancienne patronne d'EELV devenue ministre du Logement, NDLR) au gouvernement".

Ce pourrait pourtant être une porte de sortie à ce dossier qui dure désormais depuis de nombreuses années...

"Il y a plus de 155 décisions de justice favorables à Notre-Dame-des-Landes. François Hollande n'arrive pas à décider car il n'aime pas ça. Le problème de ce référendum, outre qu'il n'a pour l'instant aucune base légale, est qu'il sera contesté par les pro et par les anti. Vous croyez que les zadistes (occupants illégaux de la zone du projet bloquant les travaux, NDLR) vont partir parce qu'il y aura eu une consultation? C'est inextricable. On se perd! La seule question qui vaille est: faut-il oui ou non transférer l'aéroport de Nantes? La réponse est oui. Sinon on  va empêcher les régions Pays-de-la-Loire et Bretagne de se développer, une entrave de plus au développement de nos emplois".

 

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