Nouvelles manifestations contre la loi Travail : 38 interpellations à Paris
A la veille d'une rencontre entre Manuel Valls et les syndicats, plusieurs dizaines de milliers d'opposants à la loi Travail ont battu le pavé une nouvelle fois ce mardi 28 partout en France. A Paris, le défilé a donné lieu à quelques échauffourées et interpellations mais aucun incident notable. Dans la capitale, environ 15.000 personnes selon la police, 55.000 selon les organisateurs ont défilé entre la Bastille et la place d'Italie sous haute surveillance (2.500 policiers et gendarmes mobilisés). Quelque 200 personnes encagoulées, masquées et habillées de noir s'étaient glissées devant la tête de cortège, lançant des pavés sur les forces de l'ordre qui répliquaient par des tirs de gaz lacrymogène.
Parallèlement à la manifestation officielle, un groupe de manifestants était à la Bourse du travail, encerclé par des CRS. Au total 38 personnes ont été interpellées dont 27 aux points de filtrage. Dans le carré de tête du cortège, les leaders des syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et FIDL avaient en tête les prochaines rencontres bilatérales organisées par le Premier ministre, une ouverture pour "faire le point" sur la loi Travail. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, espère que ce n'est pas "une visite de courtoisie" "uniquement pour boire le café". "J'espère qu'il a des propositions à faire", a renchéri Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO. Et comme pour accentuer la pression, M. Martinez a évoqué une "nouvelle journée d'actions" avec de possibles manifestations le 5 juillet, jour du retour du texte à l'Assemblée, après son vote au Sénat ce mardi dans la soirée.
Des manifestations étaient organisées un peu partout en France, pour cette 11e journée de mobilisation, sans incident notable. A Paris, la Tour Eiffel a été fermée au public. "Le monde est shooté à la croissance et au productivisme", a déploré Jean-Jacques, 77 ans, manifestant à Strasbourg et arborant un casque jaune portant le slogan "n'obéissons plus à un Etat aberrant". "Jaurès, réveille-toi, ils sont devenus fous", pouvait-on lire à Montpellier. Parallèlement, pour peser dans le débat, les opposants à la loi Travail ont remis à l'Elysée et dans les préfectures de régions les bulletins de la votation citoyenne. Sur 700.000 votants, 92% se sont prononcés pour le retrait du texte. Mais la semaine dernière, le président de la République a répété qu'il irait "jusqu'au bout".
Si Manuel Valls, qui a cristallisé les critiques pour son attitude inflexible, a fait un pas lundi 27 en acceptant de recevoir mercredi 29 et jeudi 30 les organisations syndicales et patronales, Matignon a prévenu qu'il n'était pas question pour autant d'ouvrir des "négociations" sur le texte. Le gouvernement a toujours dit qu'il ne reviendrait pas sur l'article 2, qui concentre les critiques des opposants en instaurant la primauté de l'accord d'entreprise sur l'accord de branche en matière de temps de travail. Cette fermeté est approuvée par Laurent Berger, leader de la CFDT, pour qui un recul du gouvernement serait une "profonde erreur" et la CFDT, principal soutien du projet, serait alors "en travers de la route".
Lancée il y a quatre mois, la mobilisation contre la loi Travail continue de faire affluer des mécontents qui craignent une précarisation accrue pour les salariés. La précédente manifestation, le 23 juin, avait réuni, dans toute la France, 70.000 personnes selon la police, 200.000 selon les organisations. Pendant ce temps, le texte poursuit son parcours au Parlement, avec le vote au Sénat, à majorité de droite, dans une version libérale: le verrou des 35 heures a sauté, la généralisation de la garantie jeunes a été supprimée, le compte personnel d'activité a été partiellement vidé et le plafonnement des indemnités prudhommales (à 15 mois de salaire) rétabli.
Cette version devrait être détricotée par les députés lors d'une nouvelle lecture à partir du 5 juillet, pendant laquelle le gouvernement n'exclut pas de recourir à l'article 49-3 pour faire adopter sa version sans vote. Si tel était le cas, 73% des Français seraient "choqués", selon un sondage Odoxa. Les syndicats ont déjà prévenu qu'ils poursuivraient en juillet, voire septembre, leur mobilisation si le gouvernement ne bougeait pas.
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