Obsèques de François Mitterrand : les deux "familles" réunies
Une image a frappé les esprits, lors des obsèques de François Mitterrand, le jeudi 11 janvier 1996, à Jarnac (Charente): au cimetière, Danielle, l'épouse du défunt, a serré dans ses bras Mazarine, la fille longtemps cachée de l'ancien président.
Plus tôt, au moment de pénétrer dans l'église, Mazarine, alors âgée de 21 ans, et sa mère, Anne Pingeot, avaient été entourées dans un geste d'affection par André Rousselet et Elisabeth Badinter, proches amis de M. Mitterrand. C'était comme si la peine des deux "familles", réunies à Jarnac, avait apaisé les épreuves et brisures de leurs vies personnelles.
Dépourvues de la moindre solennité, la messe dite en la petite église romane Saint-Pierre, puis la mise au tombeau, sous un furtif rayon de soleil, au cimetière de Grand-Maisons, furent marquées par leur caractère familial et simple. Danielle Mitterrand, le visage blême, était constamment entourée de ses deux fils Jean-Christophe et Gilbert tandis que Mazarine se tenait serrée contre sa mère.
La tribu des Mitterrand, très nombreuse, était, elle aussi, rassemblée autour du plus illustre des siens, venu achever son parcours sous ce "ciel mouillé d'Aquitaine" qu'il affectionnait tant. Les deux frères, Robert et Jacques, étaient là tandis que les quatre sœurs, toutes octogénaires, étaient au premier rang, à droite de l'allée centrale. Simultanément, l'hommage solennel se déroulait à Notre-Dame de Paris en présence d'une soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement.
Il a fallu attendre longtemps pour qu'enfin Mazarine accède au grand jour: les Français ont appris son existence en 1994 lorsque Paris Match a publié une photo d'elle, avec son père sortant d'un restaurant parisien. Durant son enfance et adolescence, Mazarine n'a pas eu le droit de dire "papa" en public mais en revanche, elle le voyait tous les soirs là où elle habitait avec sa mère, à Paris.
On pensait que le chef d'Etat vivait avec Danielle. Il passait en fait la plupart de ses nuits avec Anne Pingeot, qui travaillait au musée d'Orsay, dans un appartement situé Quai Branly. Mazarine a toujours décrit un père très attentif, accordant davantage de temps et d'affection à sa seconde famille qu'à son épouse et à leurs deux garçons.
Pendant près de treize ans, huit super-gendarmes l'ont protégée jour et nuit, où qu'elle soit. "On nous a reproché de vivre aux frais de la République. Est-ce parce que je n'étais pas une enfant +légitime+ que ma sécurité n'aurait pas dû être assurée comme celle de n'importe quel enfant de chef d'Etat?", a questionné la jeune femme, parlant de "menaces réelles".
Décédé en 1997, le pamphlétaire Jean-Edern Hallier, qui disait notamment vouloir révéler l'existence de Mazarine, a fait l'objet entre 1983 et 1986 de 600 pages de relevés d'écoutes téléphoniques, faisant de lui une des cibles privilégiées de la cellule antiterroriste mise en place par François Mitterrand.
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