Parti communiste : les cadres refusent leur soutien à Jean-Luc Mélenchon pour 2017
A rebours de ce que proposait le secrétaire national Pierre Laurent, les cadres du Parti communiste ont refusé samedi 5 de se rallier à Jean-Luc Mélenchon en vue de l'élection présidentielle de 2017, en attendant la décision finale des militants fin novembre.
Qui suivront les quelque 50.000 adhérents du PCF, appelés à se prononcer dans leurs sections ou fédérations entre le 24 et le 26 novembre? Leur secrétaire national, qui avait témoigné vendredi de sa préférence personnelle à un soutien à Jean-Luc Mélenchon? Ou la Conférence nationale qui, réunie samedi à Paris, a voté à 55% pour présenter plutôt une candidature communiste?
En 2011, M. Mélenchon avait largement remporté la consultation interne du PCF et avait, avec cet appui, été candidat à l'élection présidentielle de 2012 sous la bannière du Front de gauche, une coalition qu'il a quittée pour créer en février dernier son propre mouvement, La France insoumise.
Lâché en rase campagne, le PCF cherche à clarifier un positionnement décidément bien flou pour la présidentielle, puisqu'il a été aussi fait allusion plusieurs fois cette semaine à un possible soutien à Arnaud Montebourg s'il gagnait la primaire de la gauche organisée par le PS.
Samedi, durant une journée de débats à la Cité des Sciences et de l'Industrie, ce sont les sérieuses inquiétudes concernant le cadre proposé par La France insoumise, et ses intentions vis-à-vis d'un PCF qui craint d'être phagocyté, qui se sont exprimées.
"Les camarades ont bien vu que ce que portait Jean-Luc Mélenchon aujourd'hui n'était pas ce qui faisait notre campagne commune en 2012", a souligné à l'AFP Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. "Il y a peut-être dans le vote de la Conférence nationale l'expression de cela", a-t-il poursuivi.
"C'est la démocratie. Il y a un vote et j'en respecte la teneur", a de son côté déclaré M. Laurent qui malgré ce revers personnel ne voit "aucune dramatisation dans la situation". "Il y a un débat que nous savions partagé", a-t-il ajouté. "Quand on s'engage pour une option, on souhaite qu'elle l'emporte, sinon ce n'est pas la peine de le faire", a-t-il aussi admis, assurant qu'il allait "continuer à essayer de convaincre dans les semaines qui viennent".
Pierre Laurent, qui a lui-même émis des réserves en appelant La France insoumise à ne pas s'inscrire "dans un cadre trop rigide et étriqué", a bien tenté de rassurer les quelque 500 membres du PCF présents. "Qui pourra nous interdire de dire ce que nous avons à dire tout au long de la campagne?", s'était-il interrogé à la tribune avant le vote. "Nous sommes un parti politique de plusieurs dizaines de milliers d'adhérents, de milliers d'élus, et nous ne serions pas capables de retenir cette autonomie de parole? Ce n'est pas sérieux", avait-il poursuivi.
Parmi les opposants au ralliement à M. Mélenchon, le député du Puy-de-Dôme André Chassaigne a dit ne pas croire "qu'au sein d'une campagne menée par Jean-Luc Mélenchon, on puisse porter nos propres idées, ce n'est pas possible". "Je pense donc qu'il nous faut notre propre candidat", a ajouté M. Chassaigne, qui avait perdu en 2011 face à M. Mélenchon devant les adhérents communistes, mais pourrait de nouveau briguer l'investiture.
Plusieurs secrétaires fédéraux ont surtout souligné leur préoccupation pour les législatives de juin et la menace que représentent les potentiels candidats de La France insoumise. "Nous devons peser dans l'élection présidentielle mais aussi dans les 577 circonscriptions lors des élections législatives", a ainsi exhorté Fabien Roussel, secrétaire fédéral du Nord.
"Dans le département du Nord, nous avons trois députés sortants (Jean-Jacques Candelier, Alain Bocquet, Marc Dolez, NDLR). Ce sont des enjeux importants. Et il y aura des élections sénatoriales en octobre. Qu'est-ce qui empêchera d'avoir des candidatures France insoumise?", a-t-il demandé, prophétisant un affaiblissement critique du PCF.
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