Pétition, Twitter, Facebook : bataille sur Internet autour de la réforme du travail El Khomri
"Pro" et "anti" s'affrontent sur un champ de bataille qui, s'il est immatériel, donne des batailles bien réelles. Une pétition en ligne qui bat tous les records, un compte Twitter officiel raillé sur les réseaux sociaux et un appel à la grève sur Facebook: la mêlée autour du projet de loi El Khomri fait rage sur internet, à plus d'un mois de son passage au parlement.
En sept jours, une pétition en ligne contre ce projet a battu tous les records en France, avec déjà plus de 577.000 signatures jeudi soir sur le site Change.org. Lancée vendredi, notamment par la militante féministe Caroline De Haas, sous le titre "loi travail: non merci!", elle devance la seconde pétition la plus signée en France, celle contre la directive européenne sur le secret des affaires (508.145 signatures). Cette dernière n'avait toutefois recueilli que 270.000 signatures durant les dix premiers jours, illustration du démarrage exceptionnel de la pétition contre le projet de loi El Khomri.
Dans la soirée, la ministre du Travail a répondu aux signataires. Selon elle, "si certaines affirmations de cette pétition sont vraies, de nombreuses autres sont fausses et beaucoup son incomplètes". Elle juge toutefois le débat "salutaire", "vu l'enjeu et l'ampleur de la réforme" et conclut son plaidoyer en ces termes: "A chaque citoyen, une fois qu'il a toutes les informations en main, de se faire son avis".
Pour expliquer son projet, le gouvernement a aussi pris jeudi l'initiative originale de créer un compte Twitter spécial, baptisé @LoiTravail. "On parle beaucoup de moi mais on me connaît mal. Et si on faisait connaissance?", lit-on sur compte, s'adressant aux internautes sur un ton didactique, comme si la loi parlait à la première personne. Un style de communication aussitôt moqué par des centaines d'opposants au texte, qui ont répliqué sur le même ton sur Twitter.
"Bienvenue, je vous ai trouvé un ami, vous allez très bien vous entendre, dites bonjour à M. @medef", lançait l'un. "Bonjour Twitter, je suis chômeur, on parle beaucoup de moi mais on me connaît mal, et si on faisait connaissance?", répliquait un autre. "Votre agence de com vous a conseillé de parler aux Français comme à des mômes de 8 ans?", s'agaçait @CGTPublicis.
En revanche, le Medef a volé au secours du gouvernement, en tweetant: "Une initiative innovante: le compte pour expliquer cet avant-projet de loi".
"C'est original, c'est pour susciter un peu l'attention", a expliqué à l'AFP le service d'information du gouvernement (SIG). "L'objectif, c'est de faire en sorte que le gouvernement soit partout où les discussions ont lieu et on sait que la toile est un lieu majeur", a-t-on ajouté de même source. Il "fallait absolument être présent et apporter nos éléments d'information à côté des allégations". "Ce dispositif sera actif le temps nécessaire, jusqu'à ce que la loi soit adoptée", a précisé le SIG.
Les critiques contre le projet de loi sur le travail se sont multipliées sur Twitter sous le hashtag #OnVautMieuxQueCa, notamment avec une vidéo postée par plusieurs youtubeurs militants, comme "Klaire fait Grrr", "BonjourTristesse" ou "Usul".
La mobilisation a aussi gagné Facebook, avec une page appelant à la "grève générale" contre la loi le 9 mars, jour où le projet sera présenté en Conseil des ministres, avant un débat à l'Assemblée nationale à partir du 4 avril. Jeudi soir, la page comptait 23.000 inscrits. "Cet appel n'est pas à l'initiative d'une organisation. C'est un appel citoyen et militant", affirment dans leur présentation les auteurs de la page. Info'Com CGT, la branche CGT des salariés de l'information et de la communication, a aussi appelé sur Facebook à descendre dans la rue le 9 mars.
Ces initiatives prennent de vitesse les centrales syndicales, qui ont critiqué le texte mais n'ont pas encore décidé d'une éventuelle mobilisation. L'avant-projet, transmis la semaine dernière au Conseil d'État, prévoit notamment la primauté des accords d'entreprise en matière de temps de travail, la possibilité de référendums pour valider des accords minoritaires, une "sécurisation" juridique du licenciement économique pour les entreprises et des indemnités prud'homales plafonnées.
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