"Pied de nez", "calomnies" et "plaisanterie" : les approximations de Mélenchon et d'une députée LFI
Jean-Luc Mélenchon a sévèrement critiqué ce vendredi 19 les deux personnes à l'origine des affaires visant la France insoumise: l'ex-rapporteur à la commission des comptes Jean-Guy de Chalvron, qui a signalé les comptes de campagne suspects, et Sophie Montel, ex-FN qui a levé le voile sur l'affaire des assistants parlementaires européens.
Jeudi 18, la députée LFI de Meurthe-et-Moselle Caroline Fiat montait également au créneau pour défendre son mouvement et son leader. Elle a de la même manière discrédité la valeur des propos de Jean-Guy de Chalvron et Sophie Montel.
Voir: Mélenchon demande "l'annulation des perquisitions" ayant visé LFI
Interrogée par Franceinfo, elle a assuré que ces accusations ont été "avouées comme calomnieuses par les personnes qui les avaient lancées". Jean-Guy de Chalvron et Sophie Montel auraient donc reconnu avoir menti? Pourtant, les récentes déclarations de l'un comme de l'autre ne laissent pas entendre un revirement de position.
Contactée par France-Soir ce vendredi, la députée a reconnu immédiatement avoir commis une erreur en incluant Jean-Guy de Chalvron dans son propos. Seule Sophie Montel serait revenue, selon elle, sur la véracité de ses déclarations. "Elle a dit concernant Jean-Luc Mélenchon que c'était «un pied de nez à la justice»", rappelle l'élue de Meurthe-et-Moselle. Jean-Luc Mélenchon lui-même avait cité cette expression de Sophie Montel pour démontrer que toute cela reposait sur une "plaisanterie".
Même la personne qui avait fait cette calomnie sur les collaborateurs du parlement européen a reconnu avoir dit des bêtises. Concernant les comptes de campagnes, ils ont été validés et nous allons les publier. #LCI #LeGrandSoir
— Caroline FIAT (@CarolineFiat54) 17 octobre 2018
Une interprétation au mieux abusive de ces propos. L'ancienne eurodéputée a toujours assuré avoir effectué ces signalements pour dénoncer le "deux poids, deux mesures" dans l'enquête du Parlement européen. Il s'agissait pour elle de démontrer que le FN était le seul mis en cause pour une pratique pourant répandue dans tous les partis (des eurodéputés EELV, PS, MoDem, et LR ont également été mis en cause). Mais elle n'a jamais reconnu avoir "calomnié" qui que ce soit ou "dit des bêtises", comme le laisse entendre Caroline Fiat.
Voir: Eurodéputés: pas "une dénonciation" mais "un signalement", assure Montel
Interrogée ce vendredi par le JDD sur l'utilisation faite de sa phrase, elle a répondu: "C’est une technique facile quand on veut discréditer son adversaire : on prend un bout de phrase dans une déclaration et on le tourne à sa sauce. J’ai 30 ans de vie politique derrière moi et je n’ai pas pour réputation d’être quelqu’un de farfelue. (...) Et lorsque j’ai dit qu’il s’agissait d’un «pied de nez», c’est évidemment en direction du Parlement européen. Je ne me suis pas levée un matin en me disant, «tiens je vais m’amuser à signaler des élus!»".
Pour la défense de La France insoumise, on notera que Sophie Montel considère que ces pratiques étaient légales et que donc ni elle, ni Jean-Luc Mélenchon, ni la quinzaine d'autres eurodéputés signalés ne devraient être inquiétés. Ce qui n'a pas empêché Jean-Luc Mélenchon de déposer plainte contre elle pour "dénonciation calomnieuse". Sévère mesure contre une "plaisanterie".
Jean-Luc Mélenchon comme Caroline Fiat ont-il sincèrement cru que Sophie Montel reconnaissait par ce "pied-de-nez" l'aspect "calomnieux" de ses déclarations? Telle est la différence entre l'erreur de bonne foi et la "fake news". Mais pour ceux qui ont entendu leurs déclarations et cru à cette "interprétation", le résultat est le même.
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