Pour éviter l'union routiers-gilets jaunes, le gouvernement reporte la vignette poids lourds
C'est un projet en attente depuis des mois dans les cartons du gouvernement, et il patientera encore quelques mois. Selon une information révélée par Franceinfo jeudi 22, l'exécutif renonce dans l'immédiat à la création d'une "vignette poids lourds", soit une taxe supplémentaire qui aurait frappé le transport routier. Même si aucune raison n'a été avancée officiellement, il n'est guère difficile d'en deviner la raison probable: ne pas donner un motif de colère à tout un secteur qui pourrait alors rejoindre le mouvement des gilets jaunes, donnant une autre dimension au mouvement.
Le projet de vignette poids lourds devait permettre de faire rentrer 500 millions d'euros par an dans les caisses de l'Etat, des sommes destinées ensuite à faire des travaux sur les infrastructures routières. Elle ne devrait rentrer en vigueur qu'en 2020 et non en 219, ce qui signifie que le budget alloué aux rénovations d'infrastructures se voit amputer de 500 millions pour l'année prochaine, ce qui devrait se traduire par le report de certains travaux sur les routes nationales (comme le passage à deux fois deux voies de certains axes fréquentés).
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La vignette, rejetée unanimement par toutes les fédérations de transporteurs, aurait pu servir de déclic pour que les routiers rejoignent le mouvement des gilets jaunes, ce dernier appelant sans succès à la convergence des luttes. Mais, pour le moment, seul FO Transports, qui n'est que la troisième organisation du secteur, a appelé à participer au mouvement. Un manque de soutien qui pèse aux gilets jaunes qui, s'ils se revendiquent d'une absence d'encadrement politique et syndical gage de leur indépendance, souffrent en contrepartie d'un manque d'organisation et de moyens d'action pour réaliser des blocages vraiment impactant sur les grands axes routiers ou les dépôts d'essence, comme savent le faire les syndicats de transport.
Depuis le début du mouvement, le refus des routiers de rejoindre les gilets jaunes nourrissait l'idée d'une tractation entre le gouvernement et les organisations syndicales du secteur pour empêcher le ralliement. Restait à connaître le détail des négociations. C'est probablement chose faite.
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