Pour François Hollande "le combat a été gagné" à Florange
Déstabilisé depuis plusieurs jours par des confidences explosives à des journalistes, François Hollande s'est montré combatif ce lundi 16 en Lorraine pour défendre son bilan à Florange et fustiger les tenants d'une nationalisation "qui n'aurait servi à rien".
"Quand je parle de Florange, quand cette ville est citée (...) la représentation, c'est une usine qui ferme - elle n'a pas fermé. Ce sont des salariés licenciés - il n'y en a eu aucun. C'est un plan social - il n'a pas eu lieu", a lancé le président de la République lors d'un discours à Uckange.
Arrivé très discrètement en Lorraine en milieu d'après-midi, François Hollande a d'abord participé à un tour de table avec les représentants CFDT et CFE-CGC - syndicats majoritaires - d'ArcelorMittal. La CGT, tenant à l'éviter, s'était postée quelques centaines de mètres plus loin et FO avait décidé de boycotter la journée.
C'est sans avoir débordé un seul instant du cadre de la visite et en évitant soigneusement les syndicats contestataires que le président est arrivé à Uckange, sur le site de Metafensch, l'institut de recherche publique promis après la fermeture des hauts-fourneaux, et dans lequel l'Etat a investi 20 millions d'euros.
Là, il s'est lancé dans la démonstration des promesses tenues devant des élus - dont le frontiste Florian Philippot, conseiller régional - et des employés. "J'avais pris trois engagements", a rappelé le chef de l'Etat, énumérant le reclassement des 629 ouvriers des hauts-fourneaux, l'absence de plan social et la création de Metafensch. "Voilà ce qu'est Florange. Et Florange, pour ce qui me concerne, ce n'est pas un souvenir, c'est un avenir. Et ici, c'est le signe que le combat a été gagné ", a martelé le président.
Puis François Hollande a décoché plusieurs flèches à son ancien ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, partisan acharné d'une nationalisation partielle des hauts-fourneaux et présent en Lorraine la semaine dernière. Elle "n'aurait eu aucun impact, aucun effet et, en plus, n'aurait pas pu être réalisée", a-t-il balayé.
"J'avais dit qu'il y aurait une loi qui pourrait empêcher qu'un grand groupe puisse abandonner un établissement, un site et ne rien faire pour rechercher un repreneur. Cette loi a été votée. Elle s'appelle la loi Florange", a aussi lancé le président, alors que M. Montebourg, candidat déclaré à la primaire de la gauche, aime à s'attribuer la paternité de ce texte. "Nous ne devons pas vendre de l'illusion, ne pas semer un discours qui pourrait être celui de la magie", a-t-il conclu.
Pour ce qui est des investissements, le président s'est félicité des 180 millions débloqués par le groupe ArcelorMittal à Florange- conformément à l'accord signé en novembre 2012 entre l'Etat et le groupe.
Selon la CGT du site cependant, sur ces 180 millions effectivement versés, seuls 53 millions l'ont été pour des investissements stratégiques. Le reste concernait notamment la maintenance des installations et des formations à la sécurité, affirme le syndicat. Quant aux non-suppressions de postes, "on oublie les sous-traitants, les prestataires. Ca fait 1.800 emplois dans la vallée de la Fensch", a ajouté Lionel Burriello.
Comme FO, la CGT avait refusé de signer l'accord social conclu en 2012 entre la direction et la CFDT et CFE-CGC. Outre son déplacement pendant la campagne présidentielle qui avait suscité beaucoup d'espoir, M. Hollande était déjà venu à deux reprises à Florange, en septembre 2013 et novembre 2014.
Son troisième déplacement a immédiatement suscité des critiques, à droite comme à gauche: François Hollande est apparu comme le "président de l'impuissance", a estimé Guillaume Peltier, porte-parole des Républicains.
"Le déplacement de François Hollande à Florange marque les derniers pas d'un président coupé des réalités du terrain, venant défendre un bilan de casse sociale et industrielle", a critiqué le Parti communiste.
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