Pour Hollande, être président de la République "c'est beaucoup plus dur que ce que j'avais imaginé"
L'ouvrage est pour le moins étonnant. A moins d'un an de l'échéance présidentielle, François Hollande revient sur les quatre premières années de son quinquennat, dans Conversations privées avec le président (ed. Albin Michel), paru mercredi 17. Prolixe, le chef de l'Etat a reçu à 32 reprises les journalistes Antonin André (Europe 1) et Karim Rissouli (France 2) pour des entretiens à cœur ouvert.
Beaucoup de sujets sont abordés dans cet ouvrage où François Hollande multiplie les confidences aux deux journalistes. Au premier rang desquels, l'inversion de la courbe du chômage, cheval de bataille du candidat puis président Hollande. "J'ai fait cette annonce de l'inversion de la courbe du chômage parce que je croyais encore que la croissance serait de 0,7-0,8, elle sera finalement de 0,1 ou de 0,2. Puis je répète cet engagement lors des vœux le 31 décembre 2012. J'ai eu tort! Je n'ai pas eu de bol! En même temps, j'aurais pu gagner. Mais ça n'aurait rien changé parce que les gens sont lucides, ils savent que ce n'est pas sur un mois que ça se joue" avoue-t-il.
Toutefois, le chef d'Etat ne pense pas que la présidentielle de 2017 se jouera forcément sur les chiffres du chômage. "On n'élit pas un président sur +il a fait un peu plus ou un peu moins de chômage+", assure François Hollande. "On l'élit parce qu'il a su parler à la nation, parce qu'elle s'est réveillée".
A ce sujet, le locataire de l'Elysée confie qu'il se présentera très probablement à sa propre succession: "l’envie, je l’ai. C’est mon inclinaison personnelle", prévenant toutefois qu'il ne fera "pas de choix de candidature si, d'évidence, elle ne pouvait pas se traduire par une possibilité de victoire". S'il n'est pas réélu, il assure qu'il mettra définitivement derrière lui sa carrière politique. "Si je perds la présidentielle, j'en +prendrai pour cinq ans+. J'aurais 67 ans en 2022, donc, si je perds, j'arrête la politique", assure-t-il.
Interrogé sur la fonction présidentielle qu'il occupe depuis plus de quatre ans, il déclare sans ambages et avec modestie: "c'est dur, bien sûr que c'est dur. C'est beaucoup plus dur que ce que j'avais imaginé". Il est également attentif à ce qu'il laissera à la postérité, un sujet important pour lui: "le drame, c'est quand vous laissez la place et que vos traces sur le sable s'effacent d'elles-mêmes". Et d'ajouter: "moi j'ai réglé cette question: le Mali, la réponse aux attentats de janvier, le mariage pour tous, la loi Macron... Une fois qu'on a réglé cette question, on peut tout faire pour poursuivre".
Les attaques terroristes de Charlie Hebdo et de l'Hypercacher, en janvier 2015, marquent un tournant dans son quinquennat. "C'est la semaine, celle des attentats, où je suis devenu président dans le regard de beaucoup de gens", explique François Hollande. "J'ai été élu, mais dans le regard de beaucoup de Français, je ne l'étais pas devenu".
Un petit mot également pour Macron qu'il présente comme "un garçon gentil", "simple", "de gauche", "qui a accepté de diviser son salaire par dix en venant travailler à l'Élysée avec moi", même si ses critiques répétées dans la presse sur le bilan du quinquennat, "ça ne va pas". "Concernant ses propos répétés sur les +erreurs du début du quinquennat+, le côté +on n'a pas été assez loin+, là aussi il doit faire attention (...) Dans une bataille qui s'ouvre si on met davantage l'accent sur les regrets et les erreurs que sur les audaces et les réussites, vous ne pouvez pas tenir, vous donnez des arguments à l'opposition", tance le président de la République.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.