Présidentielle 2017 : Hollande encore un peu plus affaibli après le départ de Macron
Y a-t-il une issue pour François Hollande après la démission fracassante d'Emmanuel Macron ? Le président voit son éventuelle candidature en 2017 encore un peu plus hypothéquée par la fragmentation accélérée de sa base électorale. Face à tant d'adversité, le dernier carré des fidèles affiche un flegme à toute épreuve. La désertion de Macron, tout à la fois fils prodige, ex-protégé et poulain du président, "ce n'est pas ça qui empêchera François Hollande d'être candidat", a réagi ce mercredi 31 le porte-parole du gouvernement Stéphane le Foll. Au palais présidentiel, on préfère voir aussi la bouteille à moitié pleine. La démission de l'ex-ministre de l'Economie apporterait une "clarification" bienvenue après l'ultime avertissement adressé le 14 juillet par le président à son jeune et ambitieux ministre, leader du mouvement En Marche! "Cette situation n'était confortable ni pour Emmanuel Macron, ni pour nous, à l'Elysée", fait-on valoir.
Mais un proche de François Hollande l'admet crûment: "Ce n'est pas une bonne nouvelle pour le président. Ca représente un nouveau rétrécissement de sa majorité et montre bien le désarroi de celle-ci à l'approche de la présidentielle". Selon Le Monde, François Hollande a eu mardi 30 au soir cette phrase amère lors du dîner qui réunit chaque mardi les responsables de la majorité présidentielle à l'Elysée: "Emmanuel Macron m'a trahi avec méthode". "Dans ce moment, on a besoin de cohésion, pas d’un nouveau candidat, pas d’un nouveau parti, pas d’une confusion supplémentaire. (…) Et je n’ai vu hier (…) qu’un facteur de confusion supplémentaire", a déploré le patron des députés PS Bruno Le Roux. "Comment François Hollande peut-il s'en sortir ? Ca devient extrêmement compliqué alors qu'il affronte une fragmentation de plus en plus spectaculaire de son ex-majorité présidentielle", observe Jérôme Fourquet (Ifop).
Avant Emmanuel Macron, emportant avec lui l'aile droite de la majorité, l'aile gauche avait déjà été amputée par les départs de ses ministres emblématiques, l'écologiste Cécile Duflot ou les socialistes Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, devenus autant de rivaux potentiels du chef de l'Etat dans la prochaine course à l'Elysée. François Hollande dira en décembre s'il brigue un nouveau mandat mais "la stratégie de l'ex-ministre de l'Economie est de tout faire pour qu'il renonce à se présenter en lui mettant la pression pour qu'au fil des mois, ne voyant pas sa cote remonter, il décide de jeter l'éponge", analyse Jérôme Fourquet. "Le discours sur la République en danger et la défense de l'Etat de droit peut plaire au cercle le plus restreint des militants mais il ne parle pas au grand public", observe-t-il encore.
Brice Teinturier (Ipsos) est sur la même ligne : le départ d'Emmanuel Macron "n'est évidemment pas une bonne nouvelle, c'est un affaiblissement supplémentaire du chef de l'Etat" et l'entrée en lice de son ancien ministre de l'Economie comme candidat potentiel "constitue une contrainte supplémentaire et forte". "Le jeu est encore très ouvert", estime-t-il toutefois, notant que "beaucoup de paramètres ne sont pas encore décantés" comme "le potentiel électoral de Macron" ou "le résultat de la primaire de la droite".
François Hollande pourrait aussi compter sur le retour d'une baraka qui semble l'avoir quitté à son arrivée à l'Elysée. Surnommé "Monsieur 3%", le score que lui prétaient les sondages au tout début de la campagne de la primaire socialiste de 2011, il avait été propulsé au sommet de l'Etat par la chute du favori, Dominique Strauss-Kahn. "Le tout sauf Hollande, je l'ai vécu, à l'époque où il était à 3%. A un moment donné tout le monde s'y rallie pourquoi ? Parce que c'est un homme stable, qui est fort, qui quoi qu'il se passe (...) est inébranlable", a observé la sénatrice PS Frédérique Espagnac, proche du chef de l'Etat.
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