Primaire de la droite : les centristes dans l'embarras après la surprise François Fillon
L'avance très large de François Fillon au premier tour de la primaire change les plans des centristes qui s'étaient quasiment tous rangés derrière Alain Juppé comme rassembleur de la droite et du centre.
Premier concerné : le président du MoDem, François Bayrou, qui soutient le maire LR de Bordeaux depuis deux ans et dit maintenant vouloir "penser projet" avant "candidature", laissant ainsi flotter une certaine ambiguïté sur ses propres intentions. En octobre 2015, il avait plaidé en faveur d'un rapprochement entre François Fillon et Alain Juppé.
A l'UDI, c'est la panique. Son président, Jean-Christophe Lagarde, a opté pour Alain Juppé et continue de le soutenir. Début septembre, sa main tendue à Emmanuel Macron après le départ de ce dernier du gouvernement avait semé le trouble dans son camp. La fuite, logique, de centristes vers François Fillon a donc déjà commencé.
Valéry Giscard d'Estaing avait ouvert le bal en lançant après le dernier débat télévisé de premier tour que François Fillon était "sérieux" et "honnête", et un homme qui "croit à ce qu'il dit et fera ce qu'il a dit"?
L'ancien ministre de la Défense, Hervé Morin, qui a avait officiellement choisi Bruno Le Maire au premier tour mais confiait souvent ces derniers mois que François Fillon lui semblait recueillir pas mal d'assentiment sur le terrain, a décidé de soutenir François Fillon avec son parti le Nouveau Centre, membre de l'UDI. Maurice Leroy et François Sauvadet, ex-ministres de Nicolas Sarkozy qui l'avaient rallié, ont aussi choisi de soutenir Fillon.
L'UDI a rencontré François Fillon à plusieurs reprises ces derniers mois. "Avec Juppé, on est d'accord sur l'école et on est plus raccord avec Fillon sur l'Europe", expliquait Jean-Christophe Lagarde à l'AFP début octobre. "On n'est pas obligé d'exploser à chaque présidentielle", glissait-il aussi, soucieux de pouvoir construire une majorité pour la suite.
D'ailleurs François Fillon, estampillé "droite classique", a expliqué cette semaine qu'il n'était pas question "d'exclure les centristes de la majorité", dans l'optique des législatives de 2017.
"Ils y auront toute leur place, mais cette discussion sera conduite après la primaire. Il y aura une marge de négociation en fonction de leur adhésion à mon projet. C’est l’union autour du projet qui fait les alliances solides", a-t-il a affirmé.
Philippe Vigier, chef de file des députés UDI et juppéiste, a d'ailleurs estimé que si François Fillon remportait la primaire de la droite, il aurait besoin d'un "pilier centriste solide" pour réformer le pays.
François Fillon pourrait-il aller jusqu'à amender son projet pour convaincre François Bayrou de ne pas se représenter en 2017 ? "Certainement pas !", assure l'ex-Premier ministre. Pour un élu centriste, l'hypothèse d'une candidature Bayrou à la présidentielle -ce serait la quatrième de l'actuel maire de Pau après 2002, 2007 et 2012 - n'est pas envisageable.
"Ils se sont auto-éliminés avec Sarkozy. En plus, avec l'éviction de Nicolas Sarkozy, Bayrou perd 80% des raisons qui le motivaient", fait remarquer cet élu.
Yves Jégo, ex-ministre des Outre-Mer et partisan de Bruno Le Maire jusqu'à présent, a lui choisi... Alain Juppé. "Je vois bien que la présence de représentants de la Manif pour tous et de Sens commun à ses côtés pèsent sur la campagne" de Fillon, a-t-il notamment fait remarquer.
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