Primaire de la droite : les enjeux du premier débat télévisé
Un favori, Alain Juppé, un challenger, Nicolas Sarkozy, et cinq concurrents en embuscade: la droite dispute en direct, ce jeudi 13 au soir, le premier débat télévisé de la primaire (20-27 novembre), qui lance les hostilités dans la course à l'Elysée.
"Ce sera un sport un peu particulier. Sept, pendant deux heures. Première question: +Quelle est votre vision de la France?+, vous avez une minute pour répondre!", a lâché Alain Juppé au détour d'une intervention mardi soir au club des juristes à Paris.
Favori des sondages qui prédisent un duel face à Nicolas Sarkozy au second tour, le maire de Bordeaux a plutôt des coups à prendre face aux six autres candidats. Mercredi, il est allé "chercher un peu de poésie" en visitant l'expo Hergé au Grand Palais. Et pendant ce temps, il engrangeait le ralliement des centristes du Parti radical et de l'UDI, et aussi celui de l'ex-sarkozyste Patrick Devedjian.
Nicolas Sarkozy, au centre du plateau jeudi, côtoiera notamment son meilleur ennemi du moment, Jean-François Copé. Celui-ci ne lui pardonne pas l'affaire Bygmalion qui l'a fait évincer de la tête de l'ex-UMP. Il le cible fréquemment, pour critiquer son quinquennat ou expliquer que l'ancien chef de l'Etat est candidat pour échapper à la justice.
Au total, les candidats auront un gros quart d'heure pour s'exprimer, une minute pour répondre aux questions et 30 secondes pour répondre aux interpellations. Selon un sondage Odoxa pour France Info, le chômage (41%), la lutte contre le terrorisme (29%) et l’immigration (27%) sont les trois principaux thèmes attendus des Français, très loin devant l'identité (4%).
Bruno Le Maire, chantre du renouveau, veut se faire mieux connaître. Mais lui-même s'interrogeait mi-septembre à haute voix sur les débats télévisés: "Est-ce qu'il va en sortir quelque chose?" "Je ne veux pas d'un débat à l'image de celui entre Trump et Clinton, avec des attaques personnelles ou sous la ceinture", a en tout cas expliqué un de ses soutiens.
Autre challenger, qualifiée in extremis et seule femme de la compétition, Nathalie Kosciusko-Morizet. "J'attends du débat qu'il y ait enfin une discussion sur les projets. Qu'il y ait des interactions entre les candidats, ce qui est bien (…) mais que ça se fasse sur du contenu", explique-t-elle.
Il est vrai qu'Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ont échangé quelques amabilités ces derniers jours. Le maire de Bordeaux a critiqué les dernières propositions de référendums (fichés S et regroupement familial) de Nicolas Sarkozy, "pas à la hauteur des enjeux", et s'est aussi interrogé sur une volonté de "faire la courte échelle au FN". L'ancien chef de l'Etat, lui, accuse le maire de Bordeaux de "compromis avec la gauche".
"On a effectivement du côté de Nicolas Sarkozy et de ses équipes des propos qui sont de plus en plus durs. Et de temps en temps, du côté d’Alain Juppé on veut mettre le holà", explique le député juppéiste Benoist Apparu.
Sur un autre sujet, sa condamnation dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, Alain Juppé a lancé lundi soir un lapidaire: "Vous savez, en matière judiciaire, il vaut mieux avoir un passé qu'un avenir".
Nicolas Sarkozy, dont le parquet a demandé le renvoi en correctionnelle pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, y a vu des "méchancetés". "Je ne pense pas que ça fait avancer le débat", a-t-il répondu depuis la Haute-Savoie.
"Quand on fait la course en tête, on reçoit tous les Scud et j'en ai reçu beaucoup. Mais à un moment, il faut dire stop. Cette petite phrase, c'était une façon de stopper ces attaques, c'était de la légitime défense", rétorque Alain Juppé dans Le Parisien de ce jeudi.
Autre candidat de poids mais distancé dans les sondages, l'ancien Premier ministre François Fillon va-t-il jouer son va-tout? "J'espère qu'il surprendra en débat", car "il a une pudeur, une peur de faire démago, un degré d'exigence", mais "s'il voulait lâcher les chevaux…", expliquait récemment un de ses soutiens.
Quant au député Jean-Frédéric Poisson, successeur de Christine Boutin à la tête du Parti chrétien-démocrate et fervent opposant au mariage gay, nul ne doute qu'il fasse progresser sa notoriété.
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