Primaire à droite : un clap de fin, un trio de favoris et un peu de panique
La semaine écoulée a été marquée par la remontée fulgurante dans les sondages de François Fillon, dont la prestation télévisée a été jugée la plus convaincante jeudi 17 au soir sur France 2 devant plus de 5 millions de téléspectateurs. Des chiffres qui font un peu paniquer ses rivaux. Un élu sarkozyste pronostiquait même vendredi matin "l'arrivée de François Fillon en tête" dimanche soir.
Dans cette primaire longtemps "fermée à double tour", "je vous fais une confidence - nous nous battons pour gagner!", a lancé l'ancien Premier ministre devant 4.000 personnes réunies au Palais des Congrès de Paris, plus 3.000 supplémentaires dans deux salles alentours selon son équipe. Loin des quelques centaines de curieux qui poussaient la porte de ses réunions voici quelques semaines encore. "François Hollande nous laisse une France en dépôt de bilan", selon ce député de Paris. En avril et mai 2017, "je l’affronterai, lui ou un autre, comme j’affronterai l’extrême droite et son programme démagogique, et nous les vaincrons le moment venu!", a promis celui qui a même reçu l'onction de l'ex-président Valéry Giscard d'Estaing jeudi soir.
Alain Juppé était à Lille, ville de naissance du général de Gaulle, comme il l'a rappelé. Le favori des sondages depuis deux ans n'a pas enregistré le soutien, qu'il espérait, du président de la région, Xavier Bertrand.
Devant environ 1.500 personnes, le maire de Bordeaux et défenseur de "l'identité heureuse" a instruit le procès du populisme, visant, sans le nommer, Nicolas Sarkozy: "le populisme, c'est pas le peuple, c'est pas le respect du peuple, c'est le mensonge au peuple pour le tromper avant l'élection pour faire après le contraire de ce qu'on avait annoncé".
Quant à M. Fillon, "attention à la surenchère. Il faut rester clinique et reconnaître nos erreurs", a ajouté cet autre ancien Premier ministre, ciblant une nouvelle fois l'objectif non "crédible" de son rival de supprimer 500.000 effectifs dans la fonction publique.
Nicolas Sarkozy a tenté de galvaniser plus de 4.000 supporteurs, selon son équipe, réunis à Nîmes, tout en lançant un semblant d'avertissement: "Si nous ratons 2017, je crains des conséquences très graves pour la France". "Tout au long de cette campagne, j'ai dit la vérité sur la situation de notre pays, sur les défis que nous avons à relever, sur les solutions que je propose pour la France", a assuré l'ancien président, avec quelques flèches pour Alain Juppé et François Fillon. "J'ai joué cartes sur table".
Alors que la campagne officielle avant le premier tour s'achève, le nombre de votants pour ce scrutin inédit à droite reste la principale inconnue. Un, deux, trois millions ? "La popularité d'Alain Juppé est supérieure aux autres, mais compte tenu de l'incertitude du corps électoral, on ne sait pas", expliquait à l'AFP un de ses soutiens, qui prédit "une longue soirée". "Je ne vois pas comment on peut faire moins que le PS, ce ne serait pas acceptable", jugeait un autre, alors que la primaire socialiste de 2011 avait attiré près de trois millions d'électeurs.
Thierry Solère, président de la commission d'organisation du scrutin, a indiqué à l'AFP que près de 2,8 millions de requêtes avaient été effectuées jeudi soir sur le site de la primaire pour trouver les bureaux de vote, dont 400.000 dans la journée.
"On ne sait pas qui va se déplacer", résumait un soutien d'un candidat, pour illustrer les difficultés des sondeurs à appréhender l'élection. Alors, c'est pédagogie maximum pour expliquer qui peut voter, quand, où, comment.
Bruno Le Maire, auquel les sondages ne laissent plus espérer une troisième place, fera un dernier déplacement en Corrèze. Seule à reconnaître déjà qu'elle ne gagnera pas, Nathalie Kosciusko-Morizet sera dans le Tarn, Jean-Frédéric Poisson à Marseille. Jean-François Copé n'a pas de meeting à l'agenda.
Samedi et dimanche, 81.000 bénévoles seront à pied d’œuvre dans les 10.228 bureaux: présidents, assesseurs et délégués. Avec en tête, l'angoisse de la fraude. Sur une vidéo diffusée cette semaine par le site internet de RTL, le directeur de campagne de François Fillon, Patrick Stéfanini, conseillait notamment aux assesseurs ou délégués "d'être vigilant au moment du déjeuner".
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