Primaire EELV : les 500 signatures font déjà craindre une absence à la présidentielle
Après la déconfiture surprise de Cécile Duflot, éliminée dès le premier tour de la primaire, le devenir d'une candidature écologiste à la présidentielle reste suspendu à la collecte de 500 parrainages d'élus requis.
Qualifiés pour le deuxième tour de la primaire, dont le résultat sera connu le 7 novembre, les deux députés européens Yannick Jadot et Michèle Rivasi sont beaucoup moins connus que l'ancienne ministre du Logement, ce qui inquiète la direction du parti.
"Il y a actuellement 270 élus Europe Ecologie-Les Verts ou apparentés, ça fait donc un potentiel de 270 signatures", exposait ce jeudi 20 le secrétaire national du parti, David Cormand. Avec des échecs successifs aux élections locales, les écologistes peuvent compter sur une centaine d'élus de moins qu'en 2011.
Eva Joly était alors à la surprise générale déjà sortie gagnante de la primaire contre Nicolas Hulot, comme Alain Lipietz dix ans plus tôt, devant Noël Mamère, bien plus médiatique et qui a finalement conduit la campagne de la présidentielle 2002. Les signatures d'élus, "c'est tout le temps compliqué", soupire M. Cormand, expliquant que son "emploi du temps, pendant les six mois qui viennent, c'est d'aller chercher les parrainages".
Dans l'entourage de Mme Rivasi, on reconnaît qu'au-delà de la campagne de 2e tour, "le véritable enjeu, ce sera de récupérer les signatures". Un de ses proches redoute en outre que Cécile Duflot ne fasse "rien" pour leur faciliter la tâche.
"L'argument de ceux qui disent que sans Cécile Duflot on nous donnera moins de signatures peut se prendre dans l'autre sens", tempère Yannick Jadot, arrivé en tête du premier tour mercredi. Cet ancien humanitaire, qui inscrit ses pas dans ceux de Nicolas Hulot, affirme croiser "sur le terrain, pas mal d'élus, qui s'affichent intéressés pour soutenir un projet écologique mais pas une candidature politicienne", en référence au reproche souvent adressé à l'ancienne ministre.
M. Jadot admet néanmoins que la collecte des 500 parrainages sera "un travail d'orfèvre". "Il doit être fortement coordonné à l'échelle nationale, mais ce n'est pas depuis Paris qu'on identifie les maires potentiels", explique-t-il.
Jeudi sur LCP, Michèle Rivasi a de son côté lancé "un grand appel aux maires", comptant sur "énormément de maires dans les zones rurales ou en ville (...) prêts à jouer le jeu de l'écologie politique".
Au-delà, les couteaux commencent à sortir des fourreaux en interne et plusieurs observateurs s'interrogent sur la volonté de Yannick Jadot, s'il emportait la bataille de la primaire, d'aller "jusqu'au bout" de l'élection présidentielle. Pourrait-il se présenter à la primaire organisée par le PS, ou se ranger derrière le candidat qui remporterait cette primaire?
L'intéressé réfute en bloc. "Je n'ai jamais passé d'accord avec les socialistes, aucun de mes mandats n'a un lien avec les socialistes, je n'ai jamais bidouillé des trucs avec les socialistes, je ne vais pas commencer maintenant", s'agace-t-il, désignant en creux sa nouvelle rivale, Michèle Rivasi, qui, alors encartée à Solférino, était proche d'Arnaud Montebourg en 2002 et 2003. Elle avait été députée apparentée PS entre 1997 et 2002.
"Quand j'écoute Montebourg, Valls, Hollande, Macron, ils sont tous pour le nucléaire et pas contre les pesticides", poursuit M. Jadot , évoquant cependant un "sujet Hamon (qui est de) savoir pourquoi il n'est pas avec les écologistes".
"Est-ce qu'ils veulent se rallier à la primaire? Est-ce qu'ils veulent exister? Est-ce qu'ils ont les signatures? Ca fait beaucoup d'inconnues", raille le Premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, parlant de M. Jadot, à l'origine de l'appel à une primaire de toute la gauche en janvier, comme une personnalité "socialo-compatible".
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