Primaire à gauche : le PS se met en branle pour Hollande
Il va y aller cette fois c'est sûr, du moins son parti fait tout pour. Jean-Christophe Cambadélis a annoncé vendredi 17 au soir une "primaire ouverte de la Belle Alliance populaire (PS, PRG et UDE, NDLR)", un attelage créé lors du dernier congrès socialiste, pour, officiellement, construire "l'unité". Un bon moyen surtout de relégitimer François Hollande afin qu'il puisse se représenter, et pourquoi pas se succéder à lui-même, en 2017.
Tous les ingrédients semblent avoir été soigneusement choisis en ce sens: le timing de l'annonce, le calendrier et le périmètre.
Le premier permet ainsi à la fois de répondre à une attente serinée des détracteurs du président et de leur couper l'herbe sous le pied. Le PS a ainsi jusqu'ici joué le jeu, ou fait mine, de la préparation d'une primaire de toute la gauche. Jusqu'au constat inévitable de l'échec de celle-ci, notamment du fait de l'annonce de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, tuant l'idée d'une gauche rassemblée en 2017 pour éviter un nouveau 21 avril, ainsi que du refus par le PCF et les Verts duflotistes de soutenir François Hollande s'il devait l'emporter. Cambadélis a ainsi décidé de faire "sa" primaire "faute de soutien des Verts et du PCF à une primaire de toute la gauche".
Les frondeurs également ont été pris de court. Alors qu'ils sont beaucoup, de Montebourg à Hamon en passant par Lienemann, à réclamer qu'une nouvelle candidature Hollande soit soumise au suffrage de la gauche, tous semblaient ne pas y croire eux-mêmes. Les accusations, pas forcément infondées, de "verrouillage" ont ainsi très vite affluées après l'annonce de Cambadélis. Seule, ou presque, Marie-Noëlle Lienemann a dit s'en réjouir et confirmé qu'elle participera.
De l'autre côté du spectre du PS, cette annonce ressemble également à un piège pour Emmanuel Macron. Qu'il y participe et il devrait non seulement quitter le gouvernement, mais tomberait également dans le panneau d'une compétition au périmètre restreint à la majorité, lui qui se dit "ni de droite, ni de gauche"... Qu'il s'y refuse et il se marginaliserait définitivement de toute une partie du paysage politique, avec peu ou pas d'espoir de se trouver son propre créneau.
Le périmètre justement de cette primaire semble taillé sur mesure pour le président sortant. Limité au PS purgé des déçus du hollandisme en cette fin de quinquennat, ainsi qu'au PRG et aux écolos pro-gouvernement, ses derniers alliés, il est plus que favorable à François Hollande. Le nerf de la guerre. Et il suffit pour cela d'observer les batailles menées sur le sujet chez LR...
Le calendrier enfin, colle parfaitement à celui de François Hollande et aurait même été élaboré directement par Solférino et l'Elysée, selon Le Monde. Alors que le président a dit et répété qu'il se déclarera, ou pas, en décembre prochain, la primaire de Cambadélis prévoit justement une date limite de dépôt des candidatures mi-décembre... La campagne et le vote de ce scrutin se mèneront également après celui des la droite, permettant de connaître "l'ennemi". Un bon moyen d'apparaître plus à gauche, par effet miroir, d'un champion de LR attendu comme très libéral, au vu des programmes que tous les challengers ont pour le moment développé de ce côté-ci de l'échiquier politique.
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