Primes en liquide : Claude Guéant devant la justice ce lundi
Le procès de l'affaire dite des "primes en liquide" s'ouvre ce lundi. Claude Guéant, ainsi que les quatre autres mis en cause dans ce dossier, devront répondre devant la justice des primes qu'ils se seraient octroyées chaque mois, entre 2002 et 2004, prélevées sur une enveloppe destinée aux frais d'enquête et de surveillance (FES) des policiers. "Je suis un honnête homme", ne cesse de répéter l'ancien ministre de l'Intérieur qui estime qu'il n'a "perçu que ce à quoi (il) avait droit".
Celui qui était le directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy au moment des faits est jugé pour "complicité de détournement de fonds publics et recel". L'enquête a ainsi permis de déterminer que Claude Guéant distribuait à trois de ses collaborateurs, Daniel Canepa, Michel Camux et Gérard Moisselin, et à lui même des primes prélevées sur des sommes que lui remettait Michel Gaudin, alors patron de la police national.
Chaque mois, c'étaient entre 10.000 et 12.000 euros, issus des FES, qui étaient ainsi partagés. Des montants prélevés sur Claude Guéant conservait la moitié de ces sommes (au moins 5.000 euros) et reversait le reste aux trois membres de son cabinet. Lors d'une perquisition au domicile du suspect, les enquêteurs ont notamment découvert des factures d'achat d'équipement et de meubles de maison payées en liquide pour un total d'environ 47.000 euros. La procédure porte sur 210.000 euros.
Des faits que Claude Guéant a reconnu lors des auditions face aux enquêteurs. Il entend toutefois plaider le "flou juridique" entourant la question des frais d'enquête et de surveillance. Ainsi, si les primes en liquide qui étaient autrefois en usage au sein des cabinets ministériels ont été régulées en 2001 sous l'impulsion de Lionel Jospin. Oui, mais "le décret qui régit (les FES) ne précise pas leurs destinations", assure l’un des avocats de Claude Guéant, Jean-Yves Dupeux cité par La Croix.
Rien dans les textes n'indiquerait qu'il est interdit que les FES soient utilisés comme "complément de rémunération", soutient ainsi un autre de ses avocats, maître Philippe Bouchez El-Ghozi cité par Le Monde. "Je n’ai perçu que ce à quoi j’avais droit, ni plus ni moins que mes prédécesseurs ou mes successeurs. Et je trouverais injuste d’être le seul à payer les pots cassés", martèle ainsi son client.
"Quel con j’ai été de garder des factures!", regrettait pourtant ce dernier lors d'une conversation téléphonique avec Michel Gaudin, le 13 juin 2013, interceptée par la police. Les deux hommes ne savaient alors pas qu'ils étaient écoutés. Le syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI, majoritaire chez les officiers de police) a demandé vendredi 25 qu'en cas de condamnation "les sommes détournées" soient "restituées".
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