Prostitution : le débat relancé sur la pénalisation des clients
Faut-il sanctionner les clients et les prostituées? Le débat revient de plus belle. A partir de lundi 30, les sénateurs commenceront à débattre sur cette question dans le cadre de la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la prostitution, une version fortement remaniée par rapport au texte initial, voté en décembre 2013.
La proposition de loi initiale prévoyait d'abroger le délit de racolage instauré par Nicolas Sarkozy, et d'instaurer en contrepartie la pénalisation des clients, une contravention de 1.500 euros. Mais la commission spéciale du Sénat a fait volte-face mercredi 25. Contre toute attente, elle a réintégré le délit de racolage et rejeté toute sanction des clients, jugée inefficace, voire contre-productive.
"Le modèle suédois pénalisant les clients n'a rien changé. C'est même un échec, voire un enfer pour certaines prostituées qui doivent travailler chez elles et exercer leur activité dans une très grande précarité au niveau sanitaire", a expliqué Esther Benbassa, sénatrice (EELV) du Val-de-Marne depuis 2011.
Face à ce nouveau rebondissement dans le dossier tumultueux de la prostitution, quelques centaines de prostituées, en majorité des Chinoises et des transgenres sud-américaines, ont défilé samedi 28 à Paris pour s'opposer à ces deux alternatives, refusant toute pénalisation. Si la nouvelle proposition de loi venait à être adoptée, certaines associations de prostituées (Strass, Bus des femmes) et d'autres qui leur viennent en aide (Act-up, Médecins du Monde) craignent de voir ces femmes poussées vers la clandestinité. Pire encore: qu'elles soient plus à la merci des rares clients. De leurs côtés, les prostituées s'inquiètent de perte de revenus.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.