Qui est Jean-Jacques Urvoas, remplaçant de Christiane Taubira à la Justice ?
Jean-Jacques Urvoas, nommé garde des Sceaux mercredi après la démission de Christiane Taubira, est un juriste spécialiste des questions de police et de renseignement, proche de Manuel Valls qu'il devra épauler pour faire adopter la réforme constitutionnelle sur la déchéance de nationalité.
Jusqu'ici député du Finistère et président de la Commission des Lois, il devra défendre avec le Premier ministre cette réforme voulue par François Hollande après les attentats du 13 novembre et qui contient, outre l'inscription de l'état d'urgence dans la loi fondamentale, l'élargissement, très contesté à gauche, de la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français et condamnés pour terrorisme.
Ironie de l'histoire, Jean-Jacques Urvoas avait hérité d'une mission pour trouver un consensus sur ce point très contesté à gauche et qui a poussé Christiane Taubira, notoirement opposée, à quitter la Place Vendôme.
Agé de 54 ans, brillant, souvent caustique, Jean-Jacques Urvoas, universitaire en droit constitutionnel a accédé à la présidence de la puissante commission des Lois en juillet 2012, après seulement cinq ans au Palais Bourbon où il avait été élu député pour la première fois en 2007. Il présidait également la délégation parlementaire au renseignement.
Soutien actif de Dominique Strauss-Kahn, qu'il avait comparé, lors de l'affaire de Sofitel, à Joseph, personnage biblique injustement persécuté, Jean-Jacques Urvoas soutient François Hollande lors de la primaire socialiste de 2011. Il se rapproche ensuite de Manuel Valls, avec qui il partage le même intérêt pour les questions de police et renseignement.
Secrétaire national du PS à la sécurité en 2009, il ferraille avec la majorité de l'époque sur ces thèmes, prônant ainsi la suppression de la préfecture de police de Paris, "hérésie juridique qu'il est urgent d'abolir".
Lors des assassinats commis par Mohamed Merah, en mars 2012, il s'interroge dans un tweet sur l'action du Raid qui n'est "pas capable en 30 heures d'aller chercher un homme seul dans un appartement", avant de faire son mea culpa et rendre hommage au commando. Mais il continuera à souligner les "défaillances humaines" dans cette affaire, en particulier de la part des services de renseignement.
Auteur en 2013 d'un rapport parlementaire sur l'activité de ces services, il fut ensuite le rapporteur de la loi sur le renseignement adoptée après les attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de Vincennes. Il s'était à cette occasion opposée à Christiane Taubira sur la question du renseignement pénitentiaire.
Né à Brest le 19 septembre 1959, adhérent au PS depuis 1977, ancien premier secrétaire de la fédération socialiste du Finistère, ancien conseiller régional de Bretagne, Jean-Jacques Urvoas est très attaché à sa région, tout en se refusant à pratiquer le cumul des mandats. Il fut notamment directeur de cabinet de Bernard Poignant, ancien maire de Quimper devenu conseiller de François Hollande à l'Elysée.
Maître de conférences en droit public à l'université de Bretagne occidentale jusqu'en 2007, il avait écrit en 2011 avec Magali Alexandre -devenue ensuite conseillère parlementaire de Manuel Valls à l'Intérieur- un "Manuel de survie à l'Assemblée nationale : l'art de la guérilla parlementaire" que citeront avec un malin plaisir des orateurs de la droite lors de la bataille sur le mariage homosexuel l'an dernier.
Il s'était par ailleurs vigoureusement opposé en mai dernier à la proposition de loi communiste d'amnistie sociale, concernant des délits commis lors de conflits sociaux, et qui a été finalement enterrée par la majorité socialiste de l'Assemblée.
Féru de lettres et d'histoire, il confesse aussi sur son blog son admiration pour Mylène Farmer.
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