Réforme de la SNCF : vers une grève (qui) dure ?
Les deux camps semblent prêts au rapport de force: la bataille du rail aura bien lieu. D'un côté le gouvernement d'Edouard Philippe s'est dit prêt à un recours possible aux ordonnances pour faire adopter "avant l'été" une réforme de la SNCF, dans "une situation alarmante" selon l'exécutif. Et de l'autre, les quatre principaux syndicats de l'établissement public qui sont prêts à "une grève longue" pour défendre le statut des cheminots.
Dénonçant un "passage en force", la CGT-Cheminots, premier syndicat à la SNCF, envisage "un mois de grève" pour "faire plier le gouvernement", avec le soutien de Sud-Rail qui prophétise "une mouvement dur". Même son de cloche, quoique légèrement moins vindicatif, chez les syndicats plutôt réformistes que sont la CFDT et Unsa qui annoncent une "grève reconductible à partir du 14 mars". Si les cheminots sont moins syndiqués qu'avant, les derniers chiffres avancés parlent tout de même de 20% de syndiqués alors que la proportion est de près de 7% dans le reste de la population active. Soit une capacité de mobilisation assez importante, d'autant qu'arrivent en novembre des élections professionnelles. D'où une certaine volonté des syndicats à montrer leur capacité de mobilisation pour défendre les acquis sociaux.
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D'autant que le gouvernement s'attaque à un vrai totem: le gouvernement souhaite en effet supprimer le statut de cheminots pour les nouveaux employés de la SNCF et transformer la compagnie ferroviaire en société anonyme. Pour les syndicats, réunis derrière un front unitaire, c'est un casus belli: "C’est la vie du cheminot et l’avenir de la SNCF comme entreprise publique qui sont attaqués", ont-ils fait savoir à travers un communiqué commun.
La grève de 1995 avait par ailleurs donné raison aux syndicats. Après trois semaines de cessation du travail, Alain Juppé, qui portait une réforme en profondeur du système de protection sociale, incluant un alignement des régimes spéciaux, dont celle des cheminots, sur le régime général, avait finalement jeté l'éponge. La grève avait été particulièrement suivie chez les cheminots où 85% des effectifs avaient cessé le travail, d'autant que les grévistes sont majoritairement soutenus par l'opinion public et notamment les salariés du privé qui s'étaient montrés solidaires.
Sur le même sujet - SNCF: 69% des Français pour la fin du statut de cheminot
Reste qu'en plus de la bataille du rail se jouera la bataille de l'opinion. En effet, selon un sondage Harris interactive pour RMC et Atlantico publié ce mardi 27, près de sept Français sur dix (69%) sont pour la fin du statut de cheminot. Toutefois, ce chiffre doit être nuancé par un autre: 43% des personnes interrogées affichent leur soutien à d'éventuelles grèves et manifestations à venir.
En 1995, l'ensemble des salariés, du public et du privé, était concerné par la réforme, ce qui peut en partie expliquer la sympathie pour la longue grève des cheminots alors que cette fois, ceux-ci font face seuls. Une grève longue pourrait être mal vue par l'opinion publique.
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Néanmoins, les cheminots ne manquent pas de soutiens. Du PCF au Parti socialiste en passant par la France insoumise, la gauche française est vent debout contre cette réforme. De leur côté, les maires des villes de taille moyenne redoutent une réduction "brutale" des dessertes ferroviaires dans le cadre de cette réforme et ils entendent bien faire entendre leurs voix à un gouvernement qui semble arc-bouté sur sa volonté de réformer l'entreprise ferroviaire, quitte à passer en force.
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