Réforme du collège : une semaine après la rentrée, la mobilisation s'essouffle
Près d'un quart de grévistes selon les syndicats, moins de 5% selon le ministère, maigres cortèges en province: une semaine après la rentrée, la mobilisation contre la réforme du collège s'est nettement essoufflée, la plupart des professeurs l'appliquant, même sans enthousiasme. Moins de 5% des professeurs des collèges publics, d'après les chiffres du ministère de l'Education, ont répondu à l'appel à la grève lancé par l'intersyndicale hostile à cette réforme du collège mise en oeuvre à la rentrée 2016 après des mois de controverses et de polémiques parfois violentes.
Le Snes, premier syndicat des enseignants du secondaire et qui appartient à l'intersyndicale (avec Snep-FSU, FO, CGT, Sud et Sundep), revendique "près d'un quart" de grévistes, pour ce sixième jour de grève en un an contre la réforme. Il avait appelé les professeurs à "la résistance pédagogique" et publié un fascicule à cet effet. Dans la rue aussi, la mobilisation était faible en province, selon les chiffres recueillis par les journalistes des bureaux de l'AFP en régions où des rassemblements ont eu lieu en matinée. Les manifestants étaient entre 200 et 300 à Lille, une cinquantaine à Bordeaux, une centaine à Nice, entre 140 et 200 à Toulouse --où les participants ont renoncé à défiler faute de combattants.
Cette faible mobilisation n'est pas une surprise: les mouvements de grève lancés quelques jours après la rentrée font rarement recette, et une large partie des enseignants, une fois devant leurs élèves, s'efforcent d'appliquer la réforme, même s'ils le font sans enthousiasme, note le SNPDEN, principal syndicat des chefs d'établissement. Selon l'enquête de rentrée de cette organisation, réalisée auprès de ses adhérents, la mise en place de la réforme du collège "se passe mal et les professeurs lui restent hostiles" dans 1,5% des établissements. Dans la moitié des collèges sondés, cette mise en oeuvre se passe "plutôt bien et les professeurs ont fini par l'accepter". A noter que 22% indiquent que la réforme est appliquée mais que les professeurs lui restent hostiles et 25% que la réforme est appliquée, avec des professeurs favorables.
Destinée à redynamiser le collège et améliorer l'égalité des chances selon le gouvernement, la réforme du collège est critiquée par plusieurs syndicats d'enseignants, traditionnellement à gauche, et une grande partie des candidats à la primaire de la droite. Elle accorde plus d'autonomie aux établissements et introduit des enseignements interdisciplinaires, déjà pratiqués dans des collèges mais qui devront désormais l'être partout. La manifestation prévue à Paris démarre à 14h.
Dans les quelques cortèges en province, la contestation de la réforme n'était pas le seul motif des manifestants, qui dénonçaient plus largement les conditions de cette rentrée. "On a trois heures d'anglais qui manquent ici, quatre heures d'espagnol là, des petits morceaux qui manquent un peu partout dans les établissements", déplore Bernard Schwartz, cosecrétaire du Snes dans l'académie de Toulouse. "C'est pareil tous les ans, mais cette année, même à coup de contractuels, ils n'arrivent pas à combler les trous", affirme-t-il, arguant de la faible attractivité du métier.
Dans le rassemblement niçois, Catherine Verdici, professeur de technologie dans un collège de Valbonne, déclare "ne pas être dupe". "Ils ne vont pas revenir en arrière (sur la réforme). Mais on ne peut pas laisser dire que tout va bien. Non, la rentrée ne se passe pas bien". Selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Education nationale, 4,6% des enseignants sont en grève dans les collèges publics. La grève du 26 janvier --une des plus importantes-- avait été suivie par quelque 22% des enseignants du collège selon le ministère et à plus de 50% selon les chiffres du Snes.
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