Remaniement : la tension monte à gauche
La fébrilité monte à gauche dans l'attente d'un remaniement qui devrait intervenir d'ici la fin de la semaine, l'incertitude demeurant sur l'ampleur des changements au sein de l'équipe gouvernementale que François Hollande veut constituer pour tenter de remonter la pente d’ici 2017.
Signe de cette nervosité, Martine Aubry a sèchement démenti ce mardi une information du Parisien-Aujourd'hui en France, selon laquelle elle aurait "fait savoir discrètement à François Hollande" son intérêt pour le ministère des Affaires étrangères. "Quant à une rentrée au gouvernement, j'ai déjà dit, et je le redis, que je ne le souhaite pas", a affirmé la maire de Lille, accusant de façon à peine voilée le couple exécutif d'être à l'origine de "ce nouveau coup de billard à 12 bandes".
Les indices annonciateurs d'un remaniement d'ici la fin de la semaine, jeudi 11 ou vendredi 12, se multiplient, alors que l'Elysée a transmis ces derniers jours à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) une liste de noms, notamment pour des vérifications fiscales.
Selon une source parlementaire haut placée, le chef de l'Etat pourrait annoncer dès mercredi la désignation de Laurent Fabius comme nouveau président du Conseil constitutionnel. Une nomination qui signerait de fait le départ du ministre des Affaires étrangères du gouvernement et ouvrirait la voie au remaniement. Autre signe avant-coureur: le Premier ministre Manuel Valls a annulé sa participation a un Forum sur le Grand Paris jeudi "en raison de l'actualité gouvernementale" et renoncé à un déplacement à Stuttgart vendredi.
Les Français ont pour leur part déjà tranché. Plus de sept sur dix (71%) souhaitent un remaniement du gouvernement dans les prochaines semaines, selon un sondage Ifop publié lundi 8.
A l'Elysée, la discrétion reste de mise. L'objectif du président, c'est d'avoir "la meilleure équipe pour agir jusqu'à la fin de son mandat et c'est ce que les Français attendent", se contente d'affirmer un conseiller. Mais l'équation est difficile à résoudre pour François Hollande, toujours plombé par une impopularité record et une majorité dont les divisions ont été attisées par le départ fracassant de la Garde des Sceaux Christiane Taubira et le débat houleux sur la déchéance de nationalité."On est à un an de la campagne active pour 2017, la priorité pour François Hollande c'est de recoudre les morceaux, de rassembler l'ensemble de la famille socialiste", estime un proche du président.
L'impératif, c'est d'éviter "l'élimination" de Hollande dès le 1er tour en 2017, ajoute-il, alors que des rumeurs attribuées à des membres de l'entourage du président le voient déjà prêt à renoncer à sa candidature si cette hypothèse se confirmait. François Hollande a lui conditionné sa candidature à l'inversion de la courbe du chômage, qui pour l'heure culmine toujours à plus de 3,5 millions de demandeurs d'emplois.
Selon une source gouvernementale, "le carré régalien" (Hollande, Valls, Le Drian, Cazeneuve) devenu "le Pentagone régalien", avec l'arrivée de Jean-Jacques Urvoas à la Justice, ne devrait pas bouger dans le cadre de ce remaniement qui, ajoute-t-on, n'implique "pas de changement de ligne".
Au jeu des chaises musicales, parmi la pléthore de successeurs potentiels à Laurent Fabius, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal tient toujours la corde. Sa nomination à un poste régalien permettrait de restaurer la parité au sommet du gouvernement, mise à mal par la démission de Christiane Taubira. Mais l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault ou le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Matthias Fekl, tous deux germanophones et binational pour le second, sont également pressentis.
Après le refus de Nicolas Hulot, plusieurs hypothèses circulent quant au retour des écologistes, qui avaient quitté le gouvernement à l'arrivée de Manuel Valls en 2014. Selon un responsable socialiste, la secrétaire nationale d'EELV Emmanuelle Cosse "a été contactée et semble y réfléchir". Son entrée au gouvernement conditionnerait, d'après un membre de l’exécutif, celles d'écologistes pro-gouvernement comme Barbara Pompili, François de Rugy ou Jean-Vincent Placé, qui ont tous trois quitté EELV en 2015.
Autre arbitrage à rendre: le portefeuille à attribuer au patron des Radicaux de gauche Jean-Michel Baylet, qui devrait logiquement entrer au gouvernement afin de compenser le départ de la ministre PRG du Logement Sylvia Pinel pour la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.
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