Restauration, hôtellerie : suffit-il de traverser la rue pour être embauché ?

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La rédaction de France-Soir
Publié le 17 septembre 2018 - 11:04
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Pour la deuxième année consécutive, le marché français de la restauration hors domicile tire son épingle du jeu et enregistre sa meilleure performance depuis 2011, porté par la restauration rapide
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© BERTRAND GUAY / AFP/Archives
La restauration est un secteur qui recrute, mais pas aussi facilement que le laisse entendre Emmanuel Macron.
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Emmanuel Macron a assuré samedi à un horticulteur au chômage qu'il pouvait trouver un emploi dans la restauration ou l'hôtellerie "en traversant la rue". Si le secteur connaît en effet une pénurie de main-d'oeuvre, la vision du président de la République reste assez simpliste.

"Hôtels, cafés, restaurants, je traverse la rue, je vous en trouve!", a lancé Emmanuel Macron samedi 15 à un jeune horticulteur qui lui faisait part des ses difficultés à trouver un emploi. Une phrase qui n'est bien sûr pas passée inaperçue.

Beaucoup ont notamment critiqué cette idée qu'il serait "facile" de trouver un emploi. Ce n'est cependant pas par hasard que le président de la République a choisi d'évoquer le secteur de l'hôtellerie-restauration. Il s'agit en effet d'un symbole de l'inadéquation entre offre et demande de travail.

Selon l'enquête "Besoin de main-d'oeuvre" (BMO) 2018 de Pôle emploi, le secteur prévoyait en 2018 pas moins de 286.642 recrutements. Et dans  la moitié des cas (49,8%), la profession anticipait des difficultés à trouver des salariés. Il s'agit donc bien d'un secteur qui recrute, mais il faut tout de même nuancer ces chiffres.

Voir: Un emploi? "Je traverse la rue, je vous en trouve" assure Emmanuel Macron (vidéo)

Emmanuel Macron lui-même l'a reconnu samedi en défendant la formation: "Il y a des métiers qui nécessitent des compétences particulières". L'union des métiers de l'industrie de l'hôtellerie (UMIH) affirme d'ailleurs que si la pénurie de main-d'œuvre est un problème, "l’inadéquation des profils avec les besoins du secteur" en est un autre.

Un horticulteur ne peut pas espérer être subitement embauché comme cuisinier ou maître d'hôtel, des professions en forte tension car elles nécessitent des qualifications.

Il faut également tenir compte de la part importante du saisonnier dans ces professions. Cela concerne selon l'enquête BMO 55% des postes en 2018.

Au final, les emplois non-saisonniers et peu qualifiés (apprentis ou aides cuisiniers, employés polyvalent de la restauration, serveurs) font passer le chiffre du recrutement de 286.642 à un peu plus de 80.000 (source pole emploi), chiffre auquel il faudrait retrancher la part des patrons refusant d'embaucher un horticulteur sans expérience dans l'exemple d'Emmanuel Macron.

La restauration reste toute de même un secteur qui embauche. Mais réduire les pré-requis à être "motivé" et à "accepter les contraintes du métier" comme l'a dit le président de la République apparaît assez simpliste. Cela sert en revanche son propos d'une nécessité d'un marché du travail où il faut désormais être prêt à évoluer davantage et met au passage en doute la "motivation" des chômeurs.

Notons que sur le papier, Emmanuel Macron aurait mieux fait de conseiller à ce chômeur, quitte à viser un secteur totalement étranger à ses qualifications, de chercher un travail d'agent d'entretien (77.740 postes non-saisonniers recherchés en 2018) où la question des qualifications est encore moins problématique. Mais l'image aurait probablement était moins belle que celle du secteur qui recrute mais est réputé très exigeant.

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