Retraites : plus besoin de toucher à l'âge de départ selon le gouvernement
Plus besoin de reculer l'âge de départ à la retraite, s'est félicitée Marisol Touraine ce lundi 11. Fort du "très net rétablissement" des comptes du système de retraites, le gouvernement affûte ses armes pour la présidentielle, taclant au passage les programmes d'Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et consorts.
"La France a su remettre son système de retraites sur la voie d’un équilibre financier durable", s'est réjoui lundi le Premier ministre Manuel Valls, vantant "un très net rétablissement", après la remise du troisième avis du comité de suivi des retraites. "L'équilibre financier des régimes de retraites (...) est assuré", a abondé sa ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, devant la presse à Matignon.
Créé en 2014, le comité de suivi doit vérifier que le système répond bien à trois objectifs : niveau de vie des retraités, équité entre assurés, pérennité financière. En cas de non respect de ces objectifs et sur la base des projections publiées un mois plus tôt par le conseil d'orientation des retraites, l'instance peut également formuler des recommandations, ce qu'elle ne fera pas en 2016, pour la troisième année consécutive.
Elle note au contraire "l'amélioration lente mais sensible" du système, "sous l'effet des réformes intervenues au cours de la dernière décennie", comme celles de 2010 et 2014, ainsi que l'accord sur les retraites complémentaires Agirc-Arrco de fin 2015.
Principal motif de satisfaction pour le gouvernement, pour la première fois depuis plus de dix ans, la branche retraite de la Sécurité sociale devrait être excédentaire cette année, à hauteur de 500 millions d'euros.
Un retour dans le vert qui ne tient pas compte du déficit du Fonds de solidarité vieillesse (FSV), qui verse notamment les cotisations retraite des chômeurs et le minimum vieillesse, attendu à 3,9 milliards d'euros. Et largement lié, d'après la Commission des comptes de la Sécurité sociale, à la réforme de Nicolas Sarkozy, qui a reculé l'âge légal de départ de 60 à 62 ans.
D'après les prévisions du COR, plus optimiste cette année qu'en 2015, le déficit du système de retraites (tous régimes et FSV inclus) se réduirait à l'horizon de 2020 à -0,2% du PIB, soit environ 4 milliards d'euros. Avec un taux de chômage de 7% et une croissance minimum d'1,5% des revenus d'activité, l'équilibre reviendrait même dès le milieu des années 2020.
Dès lors, "la question de l'âge du départ en retraite n'a plus aujourd'hui de raison d'être posée pour des raisons financières", a fait valoir Marisol Touraine, lançant un message aux principaux candidats de la primaire de droite, tous partisans d'un recul, à 65 ans pour Alain Juppé et François Fillon, à 64 ans pour Nicolas Sarkozy, candidat pressenti.
"Ceux qui veulent distiller de mauvaises nouvelles, (...) jouer sur les inquiétudes, (...) qui dans la perspective des élections à venir veulent se faire les messagers de l'anxiété" ont tort, leur a-t-elle lancé. Charge à eux d'"assumer" le choix d'un nouveau recul, qui n'est "pas celui du gouvernement" et que ne justifie pas la situation financière, a prévenu la ministre.
D'autres "évolutions pourront intervenir", a-t-elle toutefois souligné. De fait, le comité de suivi, qui s'inquiète de l'extrême dépendance du système à la croissance de la productivité, suggère de revoir les modes d'indexation des salaires pris en compte pour le calcul des pensions. Un point déjà à l'étude.
Il suggère par ailleurs de continuer l'harmonisation amorcée entre les différents régimes, en s'attardant cette fois sur les "avantages familiaux et les pensions de réversion" afin de "rendre le système plus lisible et plus aisé à piloter", notamment pour les fonctionnaires.
En outre, le niveau de vie des retraités devrait baisser à long terme par rapport au reste de la population, tandis que diminueront les taux de remplacement. Il faudra alors "regarder de très près la situation des retraités les plus pauvres", a souligné Yannick Moreau, la présidente du Comité de suivi des retraites.
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