Taxes, ISF : le gouvernement a-t-il déjà abandonné face aux gilets jaunes ?
Un "moratoire", du "dialogue"... le gouvernement a épuisé le champ lexical de la négociation après les annonces d'Edouard Philippe d'une suspension de plusieurs mesures impopulaires pour six mois, tout en se défendant de toute "reculade".
Pourtant plusieurs déclarations laissent envisager que ces fameuses suspensions (de la hausse du carburant, du gaz, de l'électricité et du nouveau contrôle) vont d'ores et déjà aboutir à une suppression, qui pourrait également concerner l'ISF, devenu l'IFI.
Edouard Philippe a en effet précisé lors de son allocution que si aucun compromis n'était trouvé parmi les différents acteurs "nous en tirerons les conséquences".
Une phrase explicitée par la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa: "Si on ne trouve pas de solution, on y renoncera", a-t-elle déclaré. Propos qui ne semblent pas relever de la voix dissonante au sein du gouvernement. Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a tenu exactement les mêmes propos sur RTL.
Voir: "Gilets jaunes": l'exécutif défend son plan de sortie de crise
De quoi interroger sur la nécessité de six mois de discussion. En effet, l'opportunité d'une négociation semble assez limitée lorsque l'une des parties annonce avant même de commencer qu'elle est prête à renoncer à tout.
Le gouvernement serait également prêt à reculer sur l'ISF, dont la réforme en début de quinquennat a valu à Emmanuel Macron son étiquette de "président des riches". Le porte-parole du gouvernement a soufflé le chaud et le froid sur la question: "Ce sujet-là n'est pas sur la table mais en revanche, on l'évalue, on le contrôle, que ça se fasse au Parlement", a-t-il déclaré.
Mais il a rappelé que l'objectif de cette réforme ayant été de réinjecter des fonds dans l'investissement: "si l'évaluation n'est pas la bonne, le sujet pourra être rouvert. Si une mesure qu'on a prise, qui coûte de l'argent public (...) ne fonctionne pas, si quelque chose ne marche pas, on n'est pas idiots, on va le changer". Il faudra cependant pour cela attendre selon lui l'automne 2019, afin d'étudier les effets de l'IFI.
"Si l’évaluation de la transformation de l’ISF ne prouve pas que des capitaux ont été suffisamment réinjectés dans l’économie, le gouvernement le rétablira!", a de son côté tweeté Marlène Schiappa.
Le n’importe quoi devient total. pic.twitter.com/sb2CitY8tH
— Antoine Bayet (@fcinq) 5 décembre 2018
Des déclarations aux airs de retraite en désordre, comme en témoigne un communiqué de presse venu du bureau de la secrétaire d'Etat et daté de ce mercredi 5. Celui-ci assure qu'elle n'avait exprimé que son point de vue "personnel". Moins d'une heure plus tard, Marlène Schiappa contredisait cette interprétation.
Lire aussi:
Schiappa se dit prête à "proposer de rétablir l'ISF" après l'évaluation du dispositif
Gilets jaunes: de Montchalin, une "première de cordée" pour évaluer l'ISF
Gilets jaunes: après les routiers, les agriculteurs rejoignent le mouvement
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.