François Ruffin, Clémentine Autain, Caroline Fia, Philippe Gosselin, Bastien Lachaud, Sébastien Nadot, Mathilde Panot, Loïc Prud'home, Sabine Rubin et enfin Bénédicte Taurine, ont déposé le 6 novembre dernier une proposition de loi « pour uriner en paix » afin de lutter contre le ciblage publicitaire aux toilettes.
Depuis quelques années, les publicités présentes dans les lieux publiques se sont développées, des écrans permettant des affichages toujours plus nombreux mais aussi plus personnalisés, apparaissent jusque dans les toilettes publiques.
Plusieurs députés du groupe LFI (La France insoumise) font le constat que les écrans publicitaires saturent l’espace public. Ils ont présenté une proposition de loi pour faire face à ces invasions publicitaires, notamment contre les écrans installés dans les urinoirs.
C’est notamment depuis 2015 que les
affichages publicitaires se sont modernisés, en passant à une diffusion numérique sur écrans. Selon les députés à l’origine de la proposition de loi, 2 500 de ces écrans ont déjà colonisé 1 200 urinoirs, dans vingt-cinq villes françaises.
En juillet 2015 le réseau de Next One, leader français de l’affichage indoor, a notamment déployé au Stade de France ou encore au sein de Viparis (Paris expo Porte de Versailles et Villepinte) des affichages équipés de la technologie beacon, permettant de communiquer avec le téléphone du visiteur pour lui proposer des annonces contextualisées et ultra ciblées.
Les écrans publicitaires pourraient aussi être équipés de caméras et des capteurs thermiques pour collecter plusieurs informations personnelles : notre âge, nos caractéristiques physiques ou même nos états d’esprit. Selon le groupe LFI, “Ce Big Brother nous espionne dans les rues, dans les transports... et jusque dans les toilettes !”
Les écrans publicitaires seraient dangereux pour la santé
Les dix députés en profitent pour signaler les impacts que cette pratique a sur la planète. Ces écrans seraient coupables du gaspillage énergétique d’au moins 7000 KWh/an, « autant que la consommation électrique d’un couple et d’un enfant, sans oublier la pollution à la fabrication ».
Les écrans numériques, à base de LED, émettent une lumière particulière, dans la partie bleue du spectre. Selon l’Anses « la lumière bleue est reconnue pour ses effets néfastes et dangereux sur la rétine, résultant d’un stress oxydatif cellulaire. »
Un petit pas pour le LFI mais un long chemin contre la publicité intrusive
Cette proposition se veut une opportunité pour lancer le débat sur une question plus complexe. Le groupe LFI souhaite s’attaquer au problème « par le petit bout de la lorgnette, mais aussi par le sommet de l’iceberg publicitaire » et ajoute qu’il y a encore un long chemin à parcourir « pour la libération de notre imaginaire ». Même s’il s’agit d’un modeste premier pas, ils sont convaincus qu’il faut commencer.
Bien que la pétition ait été présenté avec humour, d’autres parlementaires ont perçu, au-delà du côté comique de la proposition, une opportunité pour réfléchir aux limites de la publicité. Pour le député Les Républicains de la Manche Philippe Gosselin, par exemple, il s’agit « d’une réflexion plus large sur l'intrusion permanente de la publicité, y compris dans des lieux intimes où l'on a envie d'être tranquille ».