Valls s'inquiète de l'ascendant "idéologique et culturel" des salafistes en France
Le Premier ministre, qui s'exprimait lors d'une table ronde sur l'islamisme et le populisme qui a été largement dominée par le premier thème, a appelé au "sursaut" sur ces questions, "sinon c'est une réponse autoritaire qui s'imposera".
"L'essentiel, c'est la bataille culturelle identitaire, si nous ne gagnons pas cette bataille, on oublie tout", devant un auditoire largement acquis à sa cause et à celle de la laïcité. "L'essentiel, c'est comment on reconstruit la République, pas seulement dans les quartiers mais dans tout le pays". "Il y a une forme de minorité agissante, des groupes (salafistes) qui sont en train de gagner la bataille idéologique et culturelle", a-t-il averti.
"Les salafistes doivent représenter 1% aujourd'hui des musulmans dans notre pays, mais leur message, leurs messages sur les réseaux sociaux, il n'y a qu'eux finalement qu'on entend", a déploré M. Valls en clôture d'un colloque au théâtre Déjazet à Paris sur L'islamisme et la récupération populiste en Europe.
Face à la menace d'attentats djihadistes, qui ont déjà frappé deux fois la France l'an dernier, il faudra "augmenter massivement les budgets de sécurité et de justice, pendant sans doute des années", a aussi prévenu le Premier ministre. "Nous allons devoir conserver, augmenter massivement sans doute tous les budgets de sécurité et de la justice et de défense pendant longtemps", a-t-il dit.
Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas avait évoqué dimanche dans un entretien au JDD, une justice française "sinistrée" et "en état d'urgence absolue", ajoutant que son ministère "n'a plus les moyens de payer ses factures".
Le Premier ministre, qui avait suscité une polémique en parlant d'un "apartheid territorial, social, ethnique" après les attentats de Paris en janvier 2015, a estimé qu'il estimait qu'il y avait "un travail essentiel de reconquête de la République et de la laïcité" dans certains quartiers populaires.
La semaine dernière, il avait partiellement validé des propos de son ministre Patrick Kanner jugeant qu'"une centaine" de quartiers français présentaient des "similitudes" avec le quartier bruxellois de Molenbeek réputé être un fief jihadiste, tout en jugeant "difficiles" les "comparaisons".
Le Premier ministre a par ailleurs salué l'interview "lumineuse" de la philosophe féministe Elisabeth Badinter, qui a appelé samedi dans Le Monde au boycott des marques vendant des tenues islamiques et dénoncé la minorité "influente" des "islamo-gauchistes".
Le Premier ministre a mis en garde "contre le message idéologique qui peut se dissimuler derrière le signe religieux". "Ce que représente le voile pour les femmes, non ce n'est pas un phénomène de mode, non, ce n'est pas une couleur qu'on porte, non: c'est un asservissement de la femme", a-t-il lancé. "Il faut faire la distinction entre ce qu'est un voile, un fichu porté par les femmes âgées, et la revendication d'un signe politique qui vient confronter la société française", selon M. Valls.
Sans soutenir l'interdiction du port du voile à l'université, il s'est dit "inquiet sur ce qui se passe" dans certains établissements. "Ne nous voilons pas la face c'est le cas de le dire dans tous les domaines", a-t-il ajouté.
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