Alep : une évacuation difficile pour un avenir incertain
Quelque 25.000 personnes ont pu quitter les quelques kilomètres carrés d'Alep encore sous contrôle rebelle depuis le début de la trêve jeudi dernier, selon La Croix-Rouge. Mais des milliers restent à évacuer. Qu'elles attendent de partir ou qu'elles aient déjà quitté la ville martyre, la situation de ces populations reste particulièrement précaire.
Car si les combats ont cessé suffisamment longtemps pour qu'un corridor humanitaire soit mis en place et que des observateurs de l'ONU ont finalement pu être envoyés sur place, les conditions de l'évacuation restent très difficiles.
Les ONG et coordinateurs doivent en effet prendre en charge de nombreux blessés et des civils qui ont tout perdu après quatre ans de bataille et des semaines de bombardement intenses. Sans compter des mauvaises conditions météo. Car c'est sous la neige et par des températures négatives que des civils souffrant de la faim ont quitté ce qu'il reste de la deuxième ville de Syrie.
Cité par The Evening Standard , le directeur de l'ONG Medics under fire relate ainsi qu'au moins quatre bébés sont morts de froid alors que la température est de -5 degrés. Il évoque également le cas de personne gravement blessées mais trop mal nourries pour pouvoir être opérées dans les hopitaux de campagne.
Même s'il est difficile d'établir un chiffre précis, ce sont plusieurs milliers de personnes qui espèreraient encore pouvoir quitter la ville. Car les trêves humanitaires en Syrie et en particulier à Alep ont à plusieurs reprises montré leur fragilité. De plus, les forces loyales à Bachar al-Assad attendent la fin de l'évacuation pour "nettoyer" les derniers quartiers qui échappent encore à leur contrôle et ainsi pouvoir proclamer leur victoire sur ce symbole de la résistance rebelle.
De plus, la province d'Idlib vers laquelle se dirige les convois ne constitue pas un havre de paix et de sécurité. Sous contrôle rebelle, cette région a vu de nombreux déplacés affluer des zones reprises par le régime syrien ces derniers mois et peine à subvenir à leurs besoins. Non seulement des combats y ont lieu (les rebelles y assiègent plusieurs villages majoritaire chiite), mais la population craint qu'Alep conquise, le dictateur syrien ne concentre ses forces sur cette province. Les évacués redoutent donc d'avoir troqué un enfer pour un autre.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.