Birmanie : le parti d'Aung San Suu Kyi donné vainqueur des élections
"Attendez les résultats chez vous. Et quand les résultats tomberont, je veux que vous les acceptiez dans le calme", a lancé l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991, aux milliers de partisans rassemblés devant le siège de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), à Rangoun. Car en Birmanie, l'excitation est à son comble: avant l'annonce officielle des résultats, la LND a annoncé ce lundi 9 avoir remporté le scrutin de dimanche, premières élections libres organisées dans le pays depuis 1990, avec 70% des sièges du Parlement. Si ces résultats venaient à se confirmer, le parti obtiendrait la majorité absolue au Parlement malgré la présence d'un quart de députés militaires.
Bien que ces derniers jours eussent été très tendus avec notamment l'arrestation de meneurs étudiants ou encore l'annulation du scrutin dans des régions en proie à des conflits armés ethniques, les élections de dimanche 8 se sont globalement bien déroulées, selon les premières estimations de la mission d'observateurs européens, autorisés pour la première fois à assister à des élections en Birmanie. Par ailleurs, selon les chiffres officiels, la participation au scrutin a atteint environ 80% avec une mobilisation de plus de 30 millions d'électeurs.
Pour avoir la majorité au Parlement, la LND aurait besoin de remporter quelque 330 sièges dans les deux chambres du Parlement, soit 67% d'après ses calculs. Le parti au pouvoir, l'USDP, pourrait quant à lui se contenter de remporter 33% des sièges pour dominer, selon ces calculs, grâce au soutien des 25% de députés militaires non élus qui siègent automatiquement au Parlement.
Si la LND a bien obtenu la majorité au sein des deux chambres, elle pourra décider de l'identité du prochain président, dont l'élection par le Parlement devrait avoir lieu début 2016. Et s'il est certain qu'il ne s'agira pas d'Aung San Suu Kyi -la Constitution birmane interdisant l'accès à la fonction suprême à quiconque a des enfants de nationalité étrangère, ce qui est son cas-, elle a déjà prévenu qu'elle serait "au-dessus du président".
Les dernières élections nationales libres birmanes remontent en 1990. Elles avaient été très largement remportées par la LND mais la junte militaire au pouvoir n'avait finalement pas reconnu le vote, auquel Aung San Suu Kyi, alors en résidence surveillée, n'avait d'ailleurs pas pu prendre part. Aujourd'hui, toutefois, la situation a changé, assurent les militaires, qui ont promis cette fois-ci de respecter la décision du peuple.
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