Brexit : l'Allemagne, la France et l'Italie pour une "nouvelle impulsion" du projet européen
L'Allemagne, la France et l'Italie ont proposé lundi une "nouvelle impulsion" du projet européen après le vote en faveur du Brexit et exclu toute négociation avec le Royaume-Uni tant que la demande de sortie de l'UE n'aurait pas été formalisée. Pour éviter que les "forces centrifuges" ne gagnent du terrain en Europe et que le vote britannique donne des idées à d'autres pays, "nous allons présenter une proposition à nos collègues", chefs d'Etat ou de gouvernement des autres pays de l'UE, pour "donner une nouvelle impulsion" au projet européen "au cours des prochains mois", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel au cours d'une conférence de presse à Berlin avec le président français François Hollande et le chef du gouvernement italien Matteo Renzi. Mme Merkel a notamment souligné que des avancées étaient envisagées dans les domaines de "la défense, la croissance, l'emploi et la compétitivité".
Lui faisant écho, M. Hollande a évoqué la "sécurité, la protection des frontières, la lutte contre le terrorisme, la capacité à pouvoir nous défendre ensemble", de même que la croissance et l'emploi "avec le soutien à l'investissement" et l'aide à la jeunesse. M. Renzi a jugé qu'il y avait "un besoin très clair et très fort, qui est celui de remodeler le projet européen des années à venir". Dans le domaine économique, une déclaration commune rendue publique par ces trois dirigeants parle en particulier, pour les pays de la zone euro, d'une plus grande convergence "y compris dans les domaines social et fiscal", où de nombreux gouvernements sont jusqu'ici très jaloux de leurs prérogatives nationales.
Cette proposition, aux contours encore très vagues, doit commencer à être discutée mardi 28 et mercredi 29 au sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement de l'UE à Bruxelles sur le Brexit, avant une rencontre spéciale des 27 en septembre sur le sujet et l'objectif de parvenir à un accord sur "des projets concrets à réaliser en Europe dans les six prochains mois". Sur la position à avoir à l'égard de la Grande-Bretagne à la suite du référendum, les trois dirigeants se sont efforcés d'afficher un front uni malgré les fortes nuances dans leurs positions respectives. Mme Merkel, plus patiente à l'égard de Londres, a néanmoins exclu une négociation avec les Britanniques aussi longtemps qu'ils ne formaliseront par leur demande de sortie. "Nous sommes d'accord là-dessus, il n'y aura pas de discussions officielles ou informelles sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE, tant qu'il n'y aura pas de demande de sortie de l'UE au niveau du Conseil européen", a-t-elle dit, alors que les partisans du Brexit en Grande-Bretagne temporisent, donnant le sentiment de vouloir au préalable arracher le maximum d'avantages pour leur pays. Le Royaume-Uni reste maître du calendrier en la matière puisqu'il ne peut être contraint de quitter le bloc, à la suite du référendum, et qu'il lui appartient de faire une demande de départ.
Or, le Premier ministre David Cameron prévoit de laisser cette tâche à son successeur qui devra prendre ses fonctions en septembre. "La responsabilité, c'est de ne pas perdre de temps pour traiter la question du départ du Royaume-Uni", a souligné M. Hollande de son côté, manifestement davantage soucieux de presser le pas. "Il faut aller vite et vite ça veut dire que le (futur) gouvernement britannique (...) doit notifier le plus tôt possible sa décision" de sortir de l'UE, a-t-il souligné, estimant que le Brexit pouvait "aller plus vite" que "le calendrier prévu par le traité" européen, qui parle d'un délai de deux ans dès lors que la demande a été déposée aux termes de l'article 50. Pour le président français, le référendum britannique a ouvert "une période de très grande incertitude". Sur la même longueur d'onde, M. Renzi, qui avait été reçu dès samedi 25 à Paris par le chef de l'Etat français, considère qu'"il faut que les choses avancent". "Je ne pense pas que le duo franco-allemand puisse faire quelque chose de nouveau pour l'Union européenne", a, de son côté, déclaré la Première ministre polonaise Beata Szydlo à la chaîne de télévision TVP Info.
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