Daech soupçonné d'avoir utilisé du gaz moutarde au combat
Le tristement célèbre gaz moutarde (utilisé notamment lors de la Première guerre mondiale) a été utilisé lors de combat en Syrie lors de l'été 2015. C'est ce qu'a confirmé pour la première fois l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, qui n'a désigné aucun responsable. Toutefois, les regards se portent sur le groupe terroriste Etat islamique (EI). Les experts en armes chimiques ont conclu que ce gaz asphyxiant avait été utilisé le 21 août à Marea, une ville de la province d'Alep où Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique) menait une grande offensive à cette date. Un rapport encore confidentiel a été envoyé aux Etats membres de l'organisation, qui doivent se réunir fin novembre.
Marea était considéré comme le plus important réservoir d'armes pour les rebelles modérés (qui affrontent à la fois les forces de Bachar al-Assad et Daech) dans la province d'Alep (nord). Médecins Sans Frontières (MSF), qui à l'époque avait indiqué avoir soigné quatre civils d'une même famille exposés à des agents chimiques, a refusé de se prononcer sur les auteurs.
"L'État islamique a utilisé des gaz toxiques durant son attaque en août contre Marea", a affirmé ce vendredi Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Pour Rami Abdel Rahmane, "le gaz utilisé ne venait pas de Syrie mais probablement de Turquie ou d'Irak". En revanche, selon lui, l'EI s'était procuré du chlore, qui entre dans la composition du gaz moutarde (ou ypérite, dérivé du nom de la ville d'Ypres en Belgique où il fut pour la première fois utilisé au combat en septembre 1917) dans des usines de la région d'Alep en 2014.
Il est également possible que les djihadistes est mis la main sur un stock d'armes chimiques du régime de Damas qui est censé avoir détruit tout son arsenal chimique aux termes d'un accord américano-russe de septembre 2013. Cependant, de gros doutes persistent sur cette destruction.
Des nombreux experts de la situation en Syrie et en Irak s'accordent pour dire que l'EI possède dans ces rangs un certain nombre de spécialistes des armes chimiques. Ces derniers proviennent des rangs de l'ancien parti baasiste de Saddam Hussein, dont de nombreux cadres ont rejoint le groupe djihadiste, écartés du pouvoir dans l'Irak post-intervention américaine de 2003. En 19883, le régime de Saddam Hussein avait bombardé la ville kurde de Halabja au nord du pays avec des armes chimiques provoquant la mort de dizaines de milliers de civils.
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