Etat islamique : la Turquie lance l'offensive contre l'organisation djihadiste
Pour la première fois depuis l'émergence du groupe Etat islamique (EI) et de son califat à cheval entre la Syrie et l'Irak, la Turquie a lancé une offensive contre les djihadistes ce vendredi 24. Une attaque qui intervient quatre jours après le tragique attentat de Suruç dans le sud de la Turquie où 32 personnes sont mortes dans une explosion attribuée à un jeune Turc, membre de l'EI. A noter que cet attentat a visé un groupe de militants turcs de gauche, pro-kurdes, qui allaient rejoindre la ville martyre de Kobané dans le Kurdistan syrien (symbole de la lutte contre l'Etat islamique).
Peu avant 4h, heure locale ce vendredi (3h, heure de Paris), trois chasseurs F-16 de l'armée de l'air turque ont bombardé en territoire syrien trois objectifs tenus par les djihadistes. L'opération s'est déroulée dans la zone frontalière qui fait face à la ville turque de Kilis (sud du pays).
La veille, jeudi 23 juillet, des chars de l'armée turque avaient riposté à des tirs djihadistes depuis la Syrie sur un poste frontière turc.
Il s'agit de la première opération militaire menée par le gouvernement islamo-conservateur du président Recep Erdogan. Ce dernier est régulièrement accusé de complaisance, voire de soutenir légèrement, l'Etat islamique. Il avait refusé d'intervenir militairement en soutien aux milices kurdes de Syrie, empêchant même les volontaires kurdes du PKK (Parti des Travailleurs kurdes en Turquie) de franchir la frontière pour aller soutenir les Kurdes syriens au plus fort de l'attaque djihadiste contre Kobané.
La Turquie constitue également le principal point de passage des recrues djihadistes vers la Syrie. Les autorités turques ont également lancé vendredi matin dans tout le pays un coup de filet sans précédent contre des membres présumés de l'EI. Une opération de police qui a également touché les milieux kurdes de Turquie (le PKK en particulier) et les partis d'extrême-gauche (comme les militants du Front révolutionnaire de libération du peuple, DHKP-C).
Au total, 251 personnes, toutes soupçonnées d'être "membres d'un groupe terroriste", ont été interpellées et placées en garde à vue dans 13 provinces différentes du pays, sans que l'on sache exactement combien appartiennent à l'EI. Depuis lundi 20, des manifestations menées par la gauche et les Kurdes, toutes durement réprimées par la police, ont eu lieu dans plusieurs villes du pays pour protester contre la politique du gouvernement concernant la Syrie.
"La République de Turquie est déterminée à prendre toutes les précautions pour défendre la sécurité nationale", a répété vendredi le bureau du Premier ministre Ahmet Davutoglu.
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