Europe : Amnesty international dénonce une régression des droits au nom de la lutte antiterroriste
Mesures d'exception, pouvoirs accrus de l'exécutif... Les politiques instaurées en Europe depuis les attentats de 2015 ont conduit à une "régression continue" des droits, au nom de la lutte antiterroriste, dénonce l'ONG Amnesty international dans un rapport paru ce mardi 17.
Du fait du principe de "sécurisation", "la peur, l'aliénation et les préjugés rognent progressivement les pierres angulaires de l'Union européenne que sont la justice, l'égalité et la non-discrimination", observe cette étude, qui dénonce le "changement radical" vécu par quatorze Etats membres. "Pierre après pierre, l'édifice de la protection des droits fondamentaux, construit avec tant de soins après la Seconde Guerre mondiale, se fait démanteler" au nom de la "lutte contre le terrorisme", affirme l'ONG.
Et Amnesty de lister les mesures prises dans ce cadre : adoption de lois "à la hâte", avec "très peu" de consultation, "consolidation du pouvoir dans les mains de l'exécutif" ou des services de sécurité, aux dépens du système judiciaire, "exigences en matière de preuves revues à la baisse", ou invocation de "preuves secrètes" contre des suspects, qui ne leur sont pas divulguées, ni à leurs avocats, utilisation de mesures de "contrôle administratif" pour restreindre la liberté de circulation et d'association de certains individus, "pénalisation de nombreuses formes d'expression qui sont loin de constituer une incitation à la violence", etc.
En France, pays régulièrement cité dans le rapport, notamment en raison de l'état d'urgence qui a été instauré après les attentats du 13 novembre 2015 et renouvelé depuis, "des centaines de personnes", dont certaines mineures, ont été poursuivies pour "apologie du terrorisme", souvent pour des commentaires sur Facebook.
En Espagne, des lois sur la "glorification du terrorisme" ont "ciblé des artistes et musiciens", poursuit le rapport. Certaines populations, en particulier "les musulmans, les étrangers, ou les personnes considérées comme musulmanes ou étrangères", ont été discriminées "de manière disproportionnée et extrêmement néfaste" du fait de ces mesures, relève l'ONG.
Alors qu'"injures" et "agressions" se sont multipliées, des passagers ont été contraints de descendre d'avion au prétexte qu'ils "ressemblaient à des terroristes", des femmes se sont vues interdire le port du maillot de bain intégral sur la plage en France, des enfants réfugiés ont été arrêtés pour avoir joué avec des pistolets en plastique en Grèce, énumère-t-elle.
"La régression continue de nombreux aspects de la protection des droits au sein de l'UE doit cesser", tonne Amnesty, qui appelle les Etats à "respecter leurs obligations internationales".
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