Frappes russes en Syrie : la communauté internationale s'inquiète
Au deuxième jour des frappes aériennes russes en Syrie, l'inquiétude se fait de plus en plus vive au sein de la communauté internationale. De nombreux pays craignent en effet que les Russes se servent du prétexte de vouloir anéantir l'Etat islamique pour aider à maintenir au pouvoir le président Bachar el-Assad.
Alors que le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a indiqué qu'il "faudrait vérifier quels étaient les objectifs des avions russes", une source diplomatique citée par 20 Minutes est allée plus loin. "Ce n’est pas sur Daech qu’ils (les Russes) ont frappé, c’est sans doute sur les groupes d’opposition, ce qui confirme qu’ils sont davantage dans le soutien au régime de Bachar el-Assad que dans la lutte contre Daech", a-t-elle ainsi affirmée, suivant le même raisonnement que le secrétaire américain de la Défense Ashton Carter. "Il semble qu’elles (les frappes) étaient dans des zones où il n’y avait probablement pas de forces de l’organisation Etat islamique", a-t-il déclaré tandis que le secrétaire d'Etat américain John Kerry se disait disposé à accueillir favorablement les bombardements russes au cas où ces derniers visent "réellement" Daech.
Car, selon le gouvernement turc, rien n'est moins sûr. En effet, "nous avons de graves préoccupations au sujet des informations selon lesquelles la Russie aurait ciblé des positions de l’opposition plutôt que celles de Daech et que ces frappes auraient également fait des victimes civiles", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Feridun Sinirlioglu, cité par l’agence pro-gouvernementale Anatolie, ce jeudi.
Certain que les frappes russes allaient prolonger le conflit syrien, Bachar al Zoubi, le chef de l’Armée de Yarmouk, qui fait partie du groupe rebelle l’Armée syrienne libre (ASL), a quant à lui demandé aux Etats arabes de fournir des armes antiaériennes aux insurgés.
Mercredi 30, les avions russes ont bombardé deux provinces dans le centre de la Syrie. Elles ont eu lieu dans les province de Hama (nord-ouest) et Homs (centre). Dans le même temps, l'armée syrienne a mené un raid dans la région de Lattaquié (nord-ouest), a indiqué la télévision officielle syrienne. Selon le ministère russe de la Défense, les avions de Moscou ont effectué vingt sorties aériennes et touché "avec précision" "huit cibles du groupe Etat islamique" dans le pays, détruisant notamment un poste de commandement de Daech.
D'après une ONG, ces frappes auraient principalement visé Al-Qaïda et des rebelles islamistes. "Les Russes ont frappé le nord de Homs aujourd’hui et tué 36 civils innocents dans des zones où les djihadistes de l’Etat islamique ont été combattus et vaincus", a déclaré Khaled Khoja, le chef de la coalition nationale syrienne en exil.
Des propos dont s'est immédiatement défendus Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères. "Les rumeurs indiquant que les objectifs de ces frappes n’étaient pas l’EI ne sont en rien fondées", a-t-il assuré dans un communiqué, ajoutant n'avoir "aucune information" concernant d’éventuelles victimes civiles. La Russie intervient en Syrie pour combattre "exclusivement l’Etat islamique et les autres groupes terroristes", a-t-il précisé après avoir rencontré son homologue américain, John Kerry, à New York.
Une autre réunion sur le sujet devrait par ailleurs avoir lieu ce jeudi en fin d'après-midi entre des hauts responsables civils et militaires du Pentagone et leurs homologues russes. Le but étant de mettre en place des mécanismes d'échanges d'informations afin d'éviter tout incident armé entre les avions russes et ceux de la coalition internationale pilotée par les Etats-Unis, qui frappe les positions de l’EI depuis un an.
La crise syrienne sera à nouveau discutée vendredi 2 à Paris en marge d'un sommet sur la guerre en Ukraine, lors d'un entretien entre François Hollande Vladimir Poutine. Selon son entourage, le président français tient à s'assurer que les frappes en Syrie se contentent de viser Al-Qaïda et l'EI, qu'aucun bombardement ou armes chimiques ne sont utilisés et, enfin, qu'une transition politique aura lieu, entrainant le départ de Bachar el-Assad.
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