Irak : la France renforce son soutien dans la lutte contre Daech
La France va renforcer son soutien aux forces irakiennes et redéployer son porte-avions Charles de Gaulle pour lutter contre le groupe Etat islamique (EI) et lui reprendre la ville de Mossoul, a annoncé mercredi 13 le président François Hollande. "Nous allons encore intensifier le concours de l'armée de Terre pour soutenir les Irakiens dans la perspective de la reconquête de Mossoul" (nord), a-t-il déclaré dans un discours au ministère de la Défense.
Environ 300 à 400 soldats français forment déjà des forces irakiennes à Bagdad et des peshmergas kurdes dans le nord de l'Irak, parfois au plus près de la ligne de front, sans prendre part toutefois directement aux combats. "Le groupe aéronaval avec le porte-avions Charles de Gaulle sera de nouveau déployé au sein de l'opération Chammal à l'automne car nous devons frapper et détruire ceux qui nous ont agressés, ici, en janvier et en novembre 2015", a ajouté le chef de l'Etat en référence aux attentats de Paris revendiqués par l'EI (147 morts).
Le porte-avions Charles de Gaulle a déjà été engagé à deux reprises dans la lutte contre le groupe EI en Irak et Syrie, une première fois au début 2015 et une deuxième au lendemain des attentats de novembre 2015. Il s'agira du dernier engagement du porte-avions avant un arrêt technique majeur de 18 mois, à compter du début 2017, pour moderniser ses équipements et changer ses deux réacteurs nucléaires. Les forces irakiennes, appuyées par les opérations aériennes de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis, ont repris fin juin la ville de Fallouja (50 km de Bagdad) à l'EI, après celles de Ramadi en décembre et Tikrit en mars 2015. Elles ont reconquis samedi une importante base aérienne située à une soixantaine de kilomètres de Mossoul, principal fief de l'EI dans le nord de l'Irak et objectif ultime de reconquête pour la coalition.
Le chef du Pentagone Ashton Carter a aussi annoncé lundi 11 à Bagdad l'envoi de centaines de soldats américains supplémentaires en Irak pour aider les forces gouvernementales. Après ce nouveau déploiement les Etats-Unis compteront plus de 4.600 militaires en Irak, essentiellement pour des missions de formation des troupes gouvernementales. Si la France s'apprête à renforcer sa présence en Irak, elle va en revanche définitivement passer le relais aux forces de l'ONU (Minusca) en Centrafrique où elle ne maintiendra que 350 hommes.
François Hollande a indiqué que l'opération Sangaris, lancée en 2013 sur fond d'affrontements intercommunautaires, prendrait fin en octobre, mais que la France maintiendrait sa présence au Sahel face aux groupes djihadistes "dans les mois qui viennent". "Les actions que j'ai engagées portent leurs fruits", a affirmé le chef de l'Etat, dans une forme de bilan de sa politique de défense, alors qu'il célébrera ce jeudi 14 sa dernière fête nationale avant l'élection présidentielle de 2017. Face au défi du Brexit - le Royaume Uni étant avec la France une des deux puissances militaires du continent - et aux enjeux sécuritaires de plus pressants aux frontières de l'UE, Paris va proposer une initiative pour renforcer la défense européenne, a-t-il souligné. "Je constate aussi que nos amis allemands y sont prêts. Nous pourrons donc porter ensemble cette initiative", a noté François Hollande, alors que Berlin a dit vouloir profiter du départ britannique pour relancer l'Europe de la Défense. "Il s'agit de faciliter les engagements de l'Union européenne à l'extérieur de ses frontières, de renforcer la sécurité chez nos partenaires et nos voisins, de travailler ensemble à des capacités de réponse et à conjurer les menaces contre nous à travers le terrorisme", a-t-il précisé.
Pour répondre aux enjeux sécuritaires, les ressources de la Défense, déjà consolidées après les attentats, augmenteront de 600 millions d'euros en 2017 par rapport à 2016, a précisé le chef des armées. "Ce n'est pas un cadeau que je fais aux armées, c'est un dû (..) qui va se traduire par le renforcement des effectifs de 10.000 dans les unités au cours des années 2017 à 2019", a-t-il souligné. Sur le front intérieur, l'opération Sentinelle, dont l'utilité a été questionnée, va être ramenée à 7.000 hommes contre un millier "mais c'est une opération qui va se poursuivre parce qu'elle est indispensable", a confirmé François Hollande.
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