Italie : Matteo Renzi fragilisé par les défaites aux municipales à Rome et à Turin
Les résultats du deuxième tour des élections municipales du dimanche 19 juin en Italie préfigurent-elles d’un changement politique majeur en Italie? Si le verdict ne faisait pus guère de doutes dans certaines villes comme à Rome, le Mouvement 5 Etoiles (M5S) fondé par Beppe Grillo -et que l’on classe volontiers dans la catégorie "populiste"- a fait encore mieux que prévu.
Retour dans la capitale. Virginia Raggi, une avocate de 37 ans, avait déjà creusé l’écart au premier tour dans une ville politiquement sinistrée. Minée par une dette de 14 milliards d’euros accumulée sur 20 ans, et avec un maire démissionnaire pour cause de scandale aux fausses notes de frais, le chemin semblait balisé pour une victoire du M5S. Ce fût un raz-de-marée. Celle qui n’est entrée en politique qu'il y a seulement cinq ans a humilié son adversaire Robert Giachetti, candidat du Parti démocrate (PD, le parti de centre-gauche du Premier ministre Matteo Renzi): 67% des voix au second tour. Seule ombre au tableau, à peine un Romain sur deux s’est déplacé pour aller voter.
C’est un défi immense qui attend maintenant Virginia Raggi, qui n’a aucune expérience de gestion municipale et qui va devoir prendre en main la destinée de la ville la plus complexe à administrer de toute l’Italie. D’autant que la jeune élue présente un programme pour le moins flou et n’a pas encore d’équipe bien définie pour la seconder.
Mais la plus grosse surprise du scrutin vient du nord. A Turin, c’est également une candidate du M5S qui décroche la mairie, de manière plus inattendue. Chiara Appendino, qui a fêté ses 32 ans le 12 juin, a remporté le second tour avec 54% des voix contre le maire sortant Piero Fassino (PD). Le contexte était pourtant différent de Rome: la ville ne souffrait pas de la même gabegie financière, et la défaite du sortant s’explique aussi par l’appel de la Ligue du Nord (classée à l’extrême droite) à voter pour Chiara Appendino afin de sanctionner le parti de Matteo Renzi. Seule vraie consolation pour ce dernier, son candidat à la mairie de Milan, la capitale économique, l’emporte avec 51,7% des voix.
La pression commence donc à se faire sentir sur Matteo Renzi. Si celui-ci ne mettait pas son poste en jeu sur ce scrutin, son résultat s’annonce inquiétant pour une échéance à venir: celle du référendum d’octobre sur la révision constitutionnelle prévoyant de réduire les pouvoirs du Sénat transalpin. Derrière une réforme en apparence technique, Matteo Renzi a annoncé qu’en cas de rejet du projet qu’il porte, il présenterait sa démission, transformant la consultation en échéance politique majeure. Sur laquelle pèse maintenant tous les dangers pour le parti au pouvoir. D’autant que, galvanisé par leur succès, les partisans du Mouvement 5 Etoiles, créé en 2009 par l‘humoriste Beppe Grillo, n’hésitent plus à annoncer être "prêts à gouverner le pays".
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