La coalition internationale contre Daech se réunit à Paris
Les ministres de la Défense des sept pays les plus engagés dans la campagne aérienne alliée et la formation des forces irakiennes - Etats-Unis, France, Australie, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie et Pays-Bas - se retrouvent à 11h GMT au ministère français de la Défense. Très impliquée militairement en Syrie, la Russie n'est pas présente.
Co-présidée par le Français Jean-Yves Le Drian et l'Américain Ashton Carter, la réunion de Paris permettra de faire "le bilan des actions de la coalition" et "d'étudier les pistes d'intensification de la campagne militaire", selon Paris. "Ils vont voir ce qui peut être nécessaire pour accélérer le tempo" de la campagne militaire, selon la même source.
Lancée à l'été 2014, cette campagne a longtemps souffert des engagements épars de ses membres, mais commence enfin à porter ses fruits, selon des experts. Défait à Kobané (Syrie), Sinjar puis dernièrement Ramadi (Irak), l'EI est mis en difficulté par les bombardements aériens quotidiens. Les frappes se sont intensifiées depuis les attentats de Paris en novembre, notamment sur les sites de production de pétrole, dont le trafic était l'une des principales sources de revenus pour l'EI.
A la peine pour fournir des services publics et tenir les promesses de son "califat" mythifié, le groupe semble aussi avoir déçu les attentes sunnites dans les territoires sous son contrôle. "Il y a des tensions au sein de l'organisation, des baisses de rémunération des combattants, des effets d'érosion de Daech" (acronyme arabe de l'Etat islamique), assure-t-on à Paris.
Pour les Américains, la réunion de Paris doit permettre de rassembler plus de soutien. "Beaucoup de nations peuvent faire plus", ne cesse de répéter le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter.
Le message s'adresse notamment aux pays arabes et du Golfe, davantage mobilisés depuis mars sur le Yémen, et dont une participation accrue, même symbolique, serait vivement appréciée, souligne-t-on dans l'entourage de M. Carter.
Les pays d'Asie, impliqués surtout dans des activités humanitaires, pourraient aussi accroitre leur soutien en terme de fournitures d'équipements militaires, estime cette même source.
Dans un rare aveu, le chef des opérations de l'état-major français, le général Didier Castres, a récemment reconnu devant des parlementaires que la stratégie militaire de la coalition souffrait de "faiblesses pour produire des effets rapides". Notamment, a-t-il précisé, dans les "moyens engagés" et du fait de procédures américaines très contraignantes pour éviter des dommages collatéraux.
Lors de leur réunion, les sept ministres vont également étudier quels moyens supplémentaires mobiliser (matériels, formateurs...) "pour accélérer la montée en puissance des forces locales", peshmergas kurdes et armée irakienne, selon Paris.
Ces formateurs, américains, australiens et français, ont déjà entraîné 15.000 soldats irakiens, notamment à la lutte contre les engins explosifs improvisés (IED), et les véhicules kamikaze, armes privilégiées de l'EI.
Si les Occidentaux rechignent à renouveler l'expérience d'une présence américaine massive au sol en Irak, ils reconnaissent la nécessité d'augmenter le nombre de leurs forces spéciales et leurs capacités en collecte de renseignements.
Parmi les Européens, les Pays-Bas avaient promis une réponse sur leur engagement d'ici fin janvier. L'Australie en revanche a déjà rejeté toute idée d'un accroissement de son aide militaire.
La Libye, où l'EI profite depuis des mois du chaos politique pour monter en puissance, fera également partie des discussions, mais il n'y pas de propositions concrètes sur la table, affirme-t-on de source militaire américaine.
Pour les conflits en Irak et Syrie, l'idée reste de coupler le dossier militaire et le volet diplomatique, souligne-t-on à Paris. Le souhait de la France d'une "grande et unique coalition" contre l'EI, incluant la Russie absente de la réunion mercredi, est cependant resté lettre morte.
Moscou continue de soutenir le régime syrien et concentre l'essentiel de ses frappes sur l'opposition modérée, plutôt que l'EI. Prévus par l'ONU le 25 janvier à Genève, des pourparlers pour une solution politique en Syrie s'annoncent ardus, les principaux acteurs restant incapables de s'entendre sur la composition de la délégation de l'opposition syrienne.
Les chefs des diplomaties américaine et russe, John Kerry et Sergueï Lavrov, doivent discuter de la Syrie ce mercredi lors d'une rencontre à Zurich, en Suisse.
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