La COP 28 ne parvient à un accord sur une transition hors des énergies fossiles qu’après une prolongation

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France-Soir
Publié le 13 décembre 2023 - 12:30
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COP 28
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Jewel Samad / AFP
Et une journée de plus à Dubaï pour les délégations de la COP 28... avant de repartir dans des jets !
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MONDE - Le projet d'accord proposé lundi 11 décembre 2023 par l’émirati Sultan Al Jaber, président de la 28e conférence de l'ONU sur le changement climatique (COP 28) qui se déroule à Dubaï, est loin de convaincre tous les participants au sommet. Le texte ne mentionne aucune “sortie des énergies fossiles” et évoque uniquement “la réduction de leur consommation et de leur production”. Un compromis qui n’en est pas un pour de nombreux pays, dont les États-Unis, les Etats de l’Union européenne et des pays insulaires, qui jugent cette issue des négociations “inacceptable”. La COP 28, qui devait se clôturer mardi 12 décembre à 11 heures a joué les prolongations jusqu’à mercredi matin 13, pour parvenir à un accord sur une nouvelle version évoquant une "transition" hors des énergies fossiles.

Aux yeux des délégations présentes à Dubaï pour négocier un accord sur le climat, les comptes ne sont pas bons. Le projet d’accord proposé par les Emirats arabes unis a été rendu public lundi 11 décembre, c’est-à-dire la veille de la clôture officielle de la COP 28. Certes, le document appelle à la “réduction de la consommation et de la production des énergies fossiles d’une manière juste, ordonnée et équitable, de façon à atteindre la neutralité carbone d’ici, avant, ou autour de 2050, comme préconisé par la science”.

Le projet d’accord évoque aussi le charbon, appelant à “réduire rapidement [cette ressource] sans captage de carbone” et à l’instauration de “limites sur les permis accordés pour de nouvelles centrales au charbon”.

“Calamiteux”, “déception”, “insuffisant”... les critiques fusent

Mais la partie dédiée aux énergies fossiles provoque des remous entre les pays exportateurs de pétrole, l’Arabie saoudite et les Emirats en tête, et 130 pays favorables à “une sortie” de ces hydrocarbures, comme l’Union européenne, des pays de l’Amérique du Sud comme le Brésil et les États insulaires. En outre, la version proposée par Sultan Al Jaber octroie aux pays une large marge de manœuvre pour choisir la manière avec laquelle ils entendaient réduire la consommation des énergies fossiles, sans obligation. Figurent également un certain nombre de vœux du camp des pays producteurs ou exportateurs de pétrole, comme la mention des technologies, jugées “balbutiantes”, de captage et de stockage du carbone, exigées pour continuer à extraire cet hydrocarbure.

Le texte a provoqué une levée de boucliers de nombreuses délégations et même l’indignation chez certaines. Agnès Pannier-Runacher, la ministre française, estime que cette mouture est “insuffisante. “Il y a des éléments qui ne sont pas acceptables en l’état”, a-t-elle ajouté. “Qu’on soit sur un langage aussi faible et même aussi calamiteux, c’est une profonde déception”, déplore, de son côté, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu.

La ministre espagnole Teresa Ribera partage cette opinion. Les États-Unis, l’un des principaux pollueurs du monde avec la Chine, ont appelé à “renforcer fortement” le projet d’accord. Leur émissaire, John Kerry, ancien secrétaire d'État sous Barack Obama, a évoqué une “mascarade”. “Beaucoup d'entre vous ont appelé le monde à sortir largement des énergies fossiles et cela passe par une réduction décisive cette décennie (...) Je pense que la plupart d'entre vous refuse de participer à une mascarade”.

Les pays membres de l’OPEP tapent du poing sur la table

De son côté, Sultan Al Jaber estime que des progrès ont été faits mais reconnaît que “beaucoup reste encore à faire”. “Nous devons encore aplanir de nombreux différends sans perdre du temps”, a-t-il ajouté. Faute d’un consensus, les négociations se sont poursuivies dans la soirée du mardi 12 décembre. “La présidence de la COP28 continuera d’unir les parties pour obtenir le résultat le plus ambitieux possible”, avait annoncé le comité plus tôt dans la journée.

Un nouveau projet d’accord était donc attendu par les différentes délégations, qui espéraient convaincre les États membres de l’OPEP, dont l’Arabie saoudite et l’hôte de la COP 28, formellement opposés à une “sortie des énergies fossiles”. Ces deux puissances du Golfe s’étaient mises d’accord en novembre pour ne pas mentionner ce compromis, préférant évoquer une transition vers les énergies renouvelables.

Avant la parution du projet d’accord, de nombreux ministres des pays producteurs de pétrole ont réaffirmé leur position. Le ministre koweïtien du Pétrole, Saad al-Barrak, a dénoncé une "attaque agressive" de la part des Occidentaux. Hayan Abdel-Ghani, son homologue irakien, était plus tranchant, affirmant que "les énergies fossiles resteront la principale source d'énergie dans le monde".

Un nouveau texte était attendu par les délégations et l’ONU pour mardi soir. Les délégations de plusieurs pays ont fait un passage dans les bureaux du président émirati de la conférence. Tout se jouait sur un mot : "Sortie". La nouvelle version, dévoilée dans la nuit par la présidence de la COP28 et signée peu après 8 heures mercredi 13 décembre, appelle finalement à une “transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques”.

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